Il est jeune. Il est talentueux. Vedette de Y tu mamá también et de Rudo y Cursi, l'acteur mexicain Diego Luna, véritable fierté nationale pour son pays, a décidé de mettre sa notoriété au service d'une cause. Loin des projecteurs et des tapis rouges, il trime pour redonner au documentaire ses lettres de noblesse. C'est pourquoi il a mis sur pied Ambulante, festival du documentaire qui fait escale pour la première fois cette année dans la métropole. Entrevue avec l'idole d'un pays.


Donde estan los Morgan? (Did you hear about the Morgan?), Tierra de Zombies (Zombieland) ou encore Avatar, voici un exemple des titres qui se retrouvent à l'affiche en ce moment dans la plupart des cinémas de Mexico. Entre les comédies et la fiction, reste-t-il de la place dans ces salles pour projeter des documentaires?

Très peu, se désole l'acteur-vedette, Diego Luna.
Mais il y a quelques années, il a décidé de tout mettre en oeuvre pour changer la situation. Ainsi, un jour, un ami est venu les voir, lui et son fidèle complice, Gael Garcia Bernal, qui a joué à ses côtés dans plusieurs films (Y tu mamá también, Rudo y Cursi). Celui-ci venait de mettre la touche finale à Tropico de cancer, documentaire que ledit ami souhaitait montrer aux deux acteurs.


Tombant littéralement sous le charme de l'oeuvre, Luna et Bernal ont décidé de sortir l'artillerie lourde et d'organiser un lancement pour promouvoir le film de leur copain.


Le fait que le célèbre tandem s'associe au projet a contribué à promouvoir Tropico de cancer. À la suite de cette expérience, une seule idée leur est ensuite venue en tête. Pourquoi ne pas refaire le même exercice avec d'autres documentaires?


L'acteur originaire de la ville de Mexico a donc mis sur pied Ambulante il y a cinq ans, avec l'aide de Gael Garcia Bernal et du producteur Pablo Cruz. Et ce festival itinérant de films documentaires mexicains se tient présentement à Montréal au cinéma Parallèle jusqu'au 21 janvier. L'objectif des trois comparses: promouvoir les documentaires mexicains à travers leur propre pays pour ensuite les faire voyager dans le monde.


Joint au téléphone la semaine dernière à Los Angeles, l'acteur en avait long à dire sur l'importance qu'il accorde au documentaire.


À travers les pleurs de Jeronimo, son fils d'un an et quatre mois qui était dans ses bras au moment de l'entrevue, Diego Luna a dressé un portrait plutôt triste de la situation.


Celui qui a réalisé en 2007 J.C. Chavez, documentaire portant sur un célèbre boxeur mexicain, déplore le fait que ce type de film se retrouve très peu à l'affiche des cinémas de son pays. «Il est très rare qu'un documentaire réussisse à obtenir un succès commercial», dit-il.


Pourtant, plusieurs de ces films, comme ceux qui sont présentés au cinéma Parallèle, exposent une réalité qui concerne directement le peuple mexicain: les problèmes de criminalité, la politique, les conséquences de l'immigration sur les familles et la société, ainsi que les dangers et les difficultés liés à l'exode vers les États-Unis.


«Le documentaire commence à prendre du terrain, mais très lentement, souligne-t-il. C'est triste, mais les grosses maisons de production ne voient pas la nécessité d'offrir des documentaires au public, de générer un débat. Ce n'est pas une priorité», se désole-t-il.


Élargissement du public


Avec Ambulante, il souhaite créer un rapprochement entre ce type d'oeuvre et le public.

Depuis l'avènement du festival, l'acteur de 30 ans, pense que la situation s'est améliorée.
«Je crois que le public a un plus grand intérêt pour le documentaire, estime-t-il. Nous pouvons le voir avec Ambulante. Chaque année, il y a plus de gens qui assistent aux représentations. Avec le temps, cet intérêt grandissant peut avoir une influence sur les distributeurs et les inciter à promouvoir davantage le documentaire.»


Diego Luna, qui partage sa vie entre Los Angeles et Mexico, souhaite aussi que ces films soient projetés en dehors des frontières de son pays.

Au cours des dernières années, le festival a fait une halte à Cuba, au Japon, au Royaume-Uni, en Irlande, en Espagne et en Argentine. «Plus les documentaires ont de l'espace, plus ils peuvent évoluer. Nous pensons aussi que les documentaires mexicains ont besoin de sortir, de voyager. Nous avons besoin de partager nos histoires. L'important, c'est de savoir d'où nous venons et qui sommes-nous réellement.»


Et pour lui, le fait que des documentaires faits au Mexique soient présentés à Montréal revêt une grande importance. Pourquoi? En raison de la similitude qui existe entre les deux peuples, voisins de la plus grande puissance du monde. «De vivre tout près des États-Unis unit nos deux pays, explique-t-il. J'aimerais beaucoup que règnent dans mon pays les mêmes règles de respect de l'autre qui existent chez vous. Chez nous, la vie est parfois difficile.»


Et il souhaite déjà qu'Ambulante débarque dans la métropole l'an prochain. Pour les fans qui rêvaient de le voir atterrir cette année à Montréal, c'est peine perdue. C'est que Diego Luna planche présentement sur la réalisation de son film Abel, qu'il présentera pour la première fois le 25 janvier au Festival de Sundance. Il s'envolera ensuite pour le Mexique où il ira profiter des plages et du soleil de la Riviera Maya. Mais si une deuxième présentation a lieu en 2011, l'acteur profitera peut-être de l'occasion pour venir à Montréal.


Pour connaître la programmation d'Ambulante: www.cinemaparallele.ca