Même si son film Les amours imaginaires a suscité un bel enthousiasme chez les festivaliers lors des deux projections de samedi, Xavier Dolan disait quand même s'attendre à des critiques «mitigées».

Elles sont plutôt sympathiques dans l'ensemble, parfois même très favorables. Mais il est vrai que des bémols se font aussi entendre, la plupart du temps sur le fait que la forme l'emporte sur le fond dans cet essai ludique sur le rejet amoureux.

Parmi les quotidiens français influents, seul Libération s'est prononcé dans sa version «papier» pour l'instant.

«Du coup, c'est ce concept indatable que le film nous conduit à interroger. La saveur générationnelle que le cinéaste québécois a voulu donner à ces Amours se constate un peu partout, écrit Olivier Séguret. «Malgré son petit charme et ses maladresses touchantes, Les amours imaginaires est un film plus conventionnel que son auteur ne le croit.»

Sur leurs sites web, Les Inrocks et Le Monde affichent leur enthousiasme sans honte sur leurs blogues. «...un formidable petit bijou pop; le film scintille de mille couleurs, amuse, émeut... Du premier au dernier plan: un plaisir délicieux!», s'extasie Isabelle Régnier du Monde. «D'ores et déjà l'une des surprises les plus emballantes du Festival», a écrit Jean-Marc Lalanne des Inrocks.

Du côté des journaux spécialisés anglophones, Variety y va d'une critique plutôt favorable sous la plume de Rob Nelson, même si ce dernier y voit d'abord un cas classique d'un «style over substance» (forme sur le fond). Comme plusieurs de ses collègues, le critique du Variety relève néanmoins l'accomplissement sur le plan artistique et technique, compte-tenu du mince budget dont disposait l'auteur cinéaste.

De son côté, Peter Brunette, critique au Hollywood Reporter, note l'aspect plus «superficiel» de l'ensemble, mais estime que le film pourrait être un «sleeper hit» (succès surprise) auprès du jeune public.

Forcément, le passage de Xavier Dolan à Cannes avec Les amours imaginaires ne revêt pas le même caractère exceptionnel que l'an dernier avec J'ai tué ma mère. C'est dire que le cinéaste québécois a eu droit à son vrai baptême cette année. Compte tenu des circonstances, il ne pouvait souhaiter meilleure seconde visite. Son film, sans être outrageusement encensé, est apprécié. Ce qui, pour un deuxième long métrage, est déjà beaucoup, surtout dans le contexte du plus prestigieux festival de cinéma du monde.