Le dernier safar, seul film algérien de fiction présenté au FFM, ne passera pas à l'histoire. Mais son propos, éminemment sympathique et attendrissant, nous rappelle qu'au pays d'Albert Camus, il y a des perles de solidarité humaine.

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Ce film raconte l'histoire d'un vieux projectionniste qui part à travers l'Algérie au volant de son bus-cinéma (ça existe!) pour partager son amour du septième art. Rencontre avec le réalisateur.

Q : On dit que votre film a été tourné «dans un pays privé pendant longtemps d'images». Qu'en est-il?

R : Le pays a été privé de l'image expressive et intellectuelle. Il y a des images picturales, exotiques, folkloriques, touristiques. Mais d'images exprimant un événement, une situation, à travers un scénario, une chanson, un tableau ou une sculpture, notre pays en a été un peu privé. Il y a un vide. On ne fait pas assez confiance à l'intellectuel. On est toujours méfiant. Par peur de ne plus contrôler.

Q : Ce film a-t-il pour but de remplir le vide dont vous faites état?

R : Oui, je veux rendre hommage à l'Algérie. Je fais des films un peu difficiles, engagés, militants. On touche là où ça fait mal. Ici, je voulais parler des salles de cinéma qui se ferment. À l'époque coloniale, Alger était la deuxième ville en nombre de salles de cinéma. Il y en avait pour tous les genres. Aujourd'hui, il y a trois salles de cinéma ouvertes et 250 qui sont fermées. Si on ferme un bar, une mosquée, une synagogue ou une salle de cinéma, je suis contre. Il faut habituer les gens à aller au cinéma.

Q : Lorsque le cinéaste de votre film arrive dans une ville ou un village, toute la communauté se donne rendez-vous pour la séance. Parlez-nous de ce côté «rassembleur».

R : Chez nous, le problème est que nous avons été rassemblés par l'idée de faire la guerre (d'indépendance). Puis, nous nous sommes rassemblés par l'idée d'avoir la même religion. Moi, je me demande si le fait de développer le secteur culturel et intellectuel ne devrait pas aussi être rassembleur pour les gens, tout en demeurant divers et différents. C'est cela qui est intéressant.

Le dernier safat est projeté...

Aujourd'hui au Quartier latin (salle 14), 19 h 40.
Demain, 4 septembre, au Quartier latin (salle 14), 14 h 50.