Après avoir connu le succès que l'on sait à la barre et à l'écriture de Gone Baby Gone, Ben Affleck élargit son mandat: s'il cosigne le scénario de The Town et en occupe la chaise du réalisateur, il s'y est aussi donné l'un des rôles principaux. Rencontre avec les artisans d'un film de gangsters où l'on ne joue pas qu'aux gendarmes et aux voleurs.

Ben Affleck a grandi à Cambridge, à proximité de Boston - qu'il semble avoir pris comme théâtre de son oeuvre cinématographique quand il passe derrière la caméra: après Gone Baby Gone, adaptation du roman de Dennis Lehane, il se retrouve aujourd'hui aux commandes de The Town, film de gangsters lui aussi inspiré d'un roman, Prince of Thieves de Chuck Hogan, dont l'action se déroule également à Boston. Plus précisément à Charlestown, un quartier où forces de l'ordre et bandits se livrent une lutte sans merci.

C'est là que l'on rencontre Doug (Ben Affleck), Jem (Jeremy Renner) et leur bande, alors qu'ils cambriolent une banque. Ils prennent une femme en otage, Claire (Rebecca Hall). La libèrent plus tard. Elle se retrouve dans les bureaux du FBI, en compagnie de l'agent spécial Frawley (Jon Hamm). Puis dans les bras de celui dont elle ignore qu'il est à l'origine de son kidnapping. S'ensuivront de folles parties de «gendarmes et voleurs» dans les rues de Boston et de «détresse et enchantement» derrière les murs bostoniens.

«Je ne cherche pas à faire carrière en réalisant des histoires campées à Boston», a indiqué l'acteur-réalisateur-scénariste lors d'une conférence de presse tenue pendant le TIFF, «mais il se trouve que je suis tombé sur deux histoires bostoniennes qui m'ont inspiré - et probablement que le fait qu'elles se déroulent dans ma ville m'a un peu aidé».

Entre autres, sur le dossier «accent». Celui de Boston est typique, très connu. «Un accent comme celui-là est une énorme problématique. Si vos acteurs ne le fait pas bien, la crédibilité du personnage est entachée et cela peut tuer le film», poursuit Ben Affleck. Qui a beaucoup coaché ses troupes. Mais, auparavant, il a choisi des acteurs capables de se mettre le bostonien en bouche.

«Non, non, Ben ne m'a pas aidé!» rigole Jeremy Renner (The Hurt Locker). «Il m'a envoyé des enregistrements de bandits originaires de Boston. J'ai écouté ça en boucle. Ça m'a aidé, mais ça n'a pas rendu l'accent plus facile à faire.»

Blake Lively, la bombe blonde de Gossip Girl qui joue ici du contre-emploi en incarnant une paumée, a fait des pieds et des mains pour avoir le rôle: «Quand vous travaillez 10 mois par année sur une série télévisée, pendant les deux mois qui restent, vous pouvez vous reposer... ou participer à un autre projet. Mais pour ça, il faut qu'il vous intéresse vraiment. C'était le cas pour The Town et pour le personnage de Krista... même si au départ, j'étais plus la mauvaise personne pour l'obtenir que la bonne», explique celle qui a un profil glamour collé à la peau. Mais elle a travaillé fort, entre autres le fameux accent. «Après la première lecture qu'elle m'a faite, je lui ai demandé de quelle partie de Boston elle venait», remarque ici Ben Affleck.

Quant à Jon Hamm, il a été attiré par l'idée «d'être un étranger dans ce microcosme». Son accent pouvait être d'ailleurs et c'était très bien pour lui. «J'étais attaché au projet alors qu'un autre réalisateur était en charge. J'ai lu une version très préliminaire du scénario et, déjà, j'étais intéressé. Quand Ben est arrivé, j'ai été encore plus intéressé», fait celui dont la vie a changé depuis qu'il est devenu le Don Draper de Mad Men: «Mais ma route jusqu'à cette table, devant vous, a été plus longue et tortueuse que beaucoup d'autres. Aucun de nous ne serait là si nous n'avions pas la peau dure. Ce métier en est plus un de refus que d'acceptation.»

C'est donc entouré de ces acteurs motivés et inspirés et «bostonisés» que Ben Affleck s'est placé devant et derrière la caméra de The Town. Avec la ferme intention de rendre Boston crédible non seulement par les dialogues, mais par les images.

Tournage dans des lieux réels. Avec des gens réels. À l'intérieur: «J'étais dans ce bar louche, pour une scène, avec ces hommes autour de moi qui avaient l'air... louche, quoi. Et bientôt, j'apprends que des anciens prisonniers avaient été engagés pour faire de la figuration», se souvient Blake Lively. Et à l'extérieur, entre autres dans les rues du secteur nord de la ville: «Ça n'a pas été facile, les rues sont tellement étroites dans ce coin! assure Ben Affleck. Nous voulions donner cette impression de chasse confinée dans un terrier, et c'était l'endroit pour ça. Cela étant dit, la communauté a beaucoup de pouvoir dans le North End. Quand vous bloquez des rues là, vous devez le faire de façon judicieuse.» Peut-être que là aussi, être de Boston a aidé.

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The Town prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.