La rumeur veut que la chanson Funkytown (succès du groupe Lipps Inc. en 1980) ait été écrite avec Montréal en tête. Vrai ou faux? On ne le saura probablement jamais. Mais une chose est certaine, Montréal fut effectivement à l'époque une ville très funky, pour ne pas dire une plaque tournante du disco nord-américain.

De Gloria Gaynor à Grace Jones, les plus grandes vedettes du genre venaient y lancer leurs tournées. Les producteurs débarquaient des États-Unis pour y dénicher de nouveaux talents. Plusieurs tubes disco sont carrément nés ici, sous l'impulsion de DJ particulièrement allumés, comme Robert Ouimet du mythique Limelight, réponse montréalaise au Studio 54 de New York.

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Profitant de cette bouillante activité, Montréal a aussi créé sa propre industrie du disco, générant plusieurs stars plus ou moins éphémères, dont certaines ont connu un succès international. On pense bien sûr à Martin Stevens (Love is in the Air), Gino Soccio (War Dance), France Joli (Come to Me/Don't Stop Dancing/Playboy), Lime (Your Love) et l'incontournable Patsy Gallant, avec sa version «discoïsée» de Mon pays de Gilles Vigneault (From New York to L.A.), sans oublier Boule Noire et Nanette Workman pour le côté plus local.

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Comment Montréal en est arrivé là? Question de personnalité (festive) et concours de circonstances. «Contrairement à New York, qui était devenu dangereux, et Los Angeles, qui était encore dans le flower power, Montréal était une ville ouverte et tolérante, branchée sur les nouvelles tendances», croit le réalisateur de Funkytown, Daniel Roby. Fondé en 1973 (quatre ans avant le fameux Studio 54), le Limelight fut en outre la première discothèque avec un étage réservé à la communauté gaie, ce qui a probablement contribué à la réputation disco de Montréal. «Ici, on pouvait s'éclater en toute sécurité», ajoute le scénariste Steve Galluccio.

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Et aujourd'hui? Le Limelight, Chez Régine et le 1234 ont depuis longtemps fermé leurs portes. Boule Noire n'est plus. Mais l'âme disco vit toujours à Montréal. Le Bal en blanc descend tout droit des premiers événements gais du Limelight. Le nightlife est toujours aussi effervescent et la maison de disques Unidisc, dirigée par l'ancien DJ George Cuckuzella, possède l'un des plus gros fonds de catalogue disco sur la planète.

Funky town un jour, funky town toujours!