Qu'ont en commun Iggy Pop, Otto Dix, Joe Sacco, Tintin, Basquiat, Jane Birkin, Saint-Denys Garneau et la tristement célèbre petite Vietnamienne brûlée au napalm? Tous feront partie du 29e Festival du film sur l'art, qui se tiendra à Montréal du 17 au 27 mars prochain.

Fort d'un nouveau commanditaire majeur (Astral), le FIFA propose cette année 227 documentaires portant sur l'architecture, la peinture, le cinéma, la littérature, la photographie, le design, la sculpture et la musique. C'est le film Sur les traces de Marguerite Yourcenar, de la Québécoise d'origine chilienne Marilù Mallet, qui ouvrira le festival et The Year of Anish Kapoor qui le clôturera officiellement 10 jours plus tard.

Que choisir dans ce vaste menu? Fidèle à son habitude, le fondateur René Rozon évite la question, se contentant de nous renvoyer la balle. «En tant que directeur du Festival, je ne peux pas me prononcer. Mais vous, les journalistes, vous le pouvez.»

Le directeur du FIFA insiste cependant pour souligner le rajeunissement de sa programmation (cinq films consacrés à Tintin, plusieurs dédiés au rock) et la durée de plus en plus grande des oeuvres présentées, dont plusieurs excèdent désormais les 52 minutes habituelles.

«Avant, c'était l'exception qu'un film dure plus d'une heure. Là, nous en avons beaucoup, observe M. Rozon. Le film sur Puccini fait 2 h 30, Paris les années lumineuses, plus de deux heures. Ceux sur Emily Carr (Winds of Heaven), la gare d'Anvers (Antwerp Central Station) et la chanteuse brésilienne Nana Caymni (Rio Sonata) font 1 h 30. Tendance? Je n'irais pas jusque-là, mais c'est sûr que le film sur l'art prend de l'ampleur. Les cinéastes ne visent plus seulement la télé, mais aussi les salles de cinéma.»

Parmi les autres vues qui piquent la curiosité, soulignons Comics Go to War, sur la nouvelle génération de bédéistes documentaires (Joe Sacco et Marjane Satrapi en tête), Le mur de l'Atlantique, monument de la collaboration (sur l'architecture des blockhaus nazis), The Picture of the Napalm Girl (plongée dans l'histoire d'une photo célèbre prise pendant la guerre du Vietnam), Les cendres de verre (rockumentaire sur le groupe Karkwa), Mtl punk (autopsie de la première vague punk québécoise) et l'intrigant Scrapper l'art, brûlot sur le patrimoine québécois que l'on saccage et démantèle impunément. Hommages seront également rendus à la vidéaste lesbo-radicale canadienne Lorna Boschman (10 films) et l'Italien Luciano Emmer, pionnier du film sur l'art, dès le début des années 40.

À noter que ce 29e FIFA tiendra aussi cette année un marché d'affaires, qui permettra aux acteurs du film sur l'art de créer des liens. «Nous l'avons toujours fait de façon souterraine, mais là on l'a structuré et formalisé, explique M. Rozon. Le but est de favoriser les rencontres entre producteurs, réalisateurs, diffuseurs et distributeurs afin d'accroître d'éventuelles collaborations et les coproductions.»

L'association avec Astral, enfin, se traduira par une plus grande visibilité pour le festival. Une campagne publicitaire multiplateforme est annoncée pour le mois de mars sur les propriétés Astral à Montréal, dont Rock détente, NRJ, Historia et MusiquePlus/Musimax. «Nous entrons dans leur puissant réseau de diffusion, se réjouit M. Rozon. Pour nous, cela signifie un meilleur positionnement médiatique. Cela dit, un mécène serait toujours le bienvenu!»

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Informations: artfifa.com