Les jurés du Festival de Cannes doivent trouver «un consensus» sur les films qu'ils ont aimés et non se transformer en «critiques de cinéma», a estimé mercredi le réalisateur américain Joel Coen, coprésident avec son frère Ethan du jury de la 68e édition.

«Je ne crois pas que nous soyons des critiques de cinéma exactement. Nous sommes ici pour trouver un consensus», a-t-il commenté, lors d'une conférence de presse de l'ensemble du jury de neuf membres, à quelques heures du coup d'envoi du festival.

«L'idée n'est pas de dire «nous détestons tel film»», mais plutôt de déterminer «quelles choses nous avons vraiment aimées» et «souhaitons récompenser», a-t-il ajouté.

Le benjamin du jury, le réalisateur québécois Xavier Dolan, est là pour «voir des films en tant que cinéphile avec (s)on coeur».

«Ma responsabilité n'est pas de les juger, de les critiquer, de les catégoriser, ma responsabilité est très simple: c'est de déclarer humainement ceux qui me parlent, ceux qui me touchent, qu'ils soient plus cérébraux ou plus d'auteurs ou plus commerciaux, ça n'a pas d'importance, ils seront bons ou ils ne le seront pas», a-t-il noté.

«Nous sommes ici pour dire ce que nous aimons. C'est une orientation plutôt qu'un verdict», a aussi expliqué le réalisateur et producteur mexicain Guillermo del Toro. «Nous prenons cela très au sérieux, les personnes en compétition le méritent.»

La flamboyante actrice espagnole Rossy de Palma, tout de rose vêtue et fleur dans les cheveux, a exprimé son bonheur d'avoir été choisie: «Je suis très contente de faire un master intensif de cinéma!»

Interrogé sur l'engouement pour le visionnage de films en vidéo via internet, proposé notamment par la société américaine Netflix, Joel Coen a ironisé en reformulant la question. «Que pensons-nous des gens qui regardent Lawrence d'Arabie sur leur iPhone?»

«S'asseoir dans la foule et regarder un film sur un grand écran, cela a quelque chose de spécial», a ajouté le réalisateur, qui n'apprécie pas non plus la télévision. «Il n'y a rien d'équivalent et c'est quelque chose que les festivals de films perpétuent.»