Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Se promettant de se voir uniquement dans un contexte de plaisir et de n’éprouver aucun sentiment amoureux, ces deux êtres sont progressivement surpris par leur complicité naissante.

Emmanuel Mouret n’a de cesse de décliner dans son cinéma toutes les nuances du sentiment amoureux. Ce 11e long métrage s’inscrit en toute cohérence dans la démarche de celui dont les deux longs métrages précédents, Mademoiselle de Joncquières et Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, ont conquis public et critiques.

En portant à l’écran un scénario coécrit avec Pierre Giraud, le cinéaste français mise cette fois sur un point de départ d’apparence toute simple pour ensuite plonger ses personnages dans des situations plus inattendues. Installant son ambiance d’entrée de jeu au son de La javanaise – et la sublime voix de Juliette Greco –, Emmanuel Mouret orchestre d’abord une rencontre dans une soirée entre Charlotte (Sandrine Kiberlain) et Simon (Vincent Macaigne). Comme souvent chez Mouret, les maladresses et la timidité du personnage masculin charment un personnage féminin plus affirmé. Charlotte engage ce pas de deux où la chorégraphie sera bien réglée et comprise, bien qu’on sache d’avance que d’autres éléments s’amèneront dans la danse…

Quand ils commencent leur relation adultère, où promesse a été faite de ne jamais s’attacher ni de développer de sentiments, Charlotte et Simon se découvrent une telle compatibilité qu’ils savent très bien, en leur for intérieur, dans quelle zone cette relation les mènera. Même si leurs rendez-vous se multiplient, il est pourtant hors de question d’en discuter, histoire de ne rien bousiller.

Le récit de Chronique d’une liaison passagère se révèle ainsi astucieux. Emmanuel Mouret entraîne en effet les deux protagonistes vers une situation plus complexe (belle présence de Georgia Scalliet) et illustre sans effets dramatiques comment une liaison qui ne dure que le « temps d’une chanson » (comme l’a écrit Serge Gainsbourg) peut être significative à sa façon.

Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne jouent en virtuoses cette partition, souvent drôle et toujours magnifiquement écrite, dans un film marqué par une grande élégance du cœur. Et de l’esprit.

Chronique d’une liaison passagère est à l’affiche en salle.

Chronique d’une liaison passagère

Comédie romantique

Chronique d’une liaison passagère

Emmanuel Mouret

Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet

1 h 40

8/10