L'histoire: Été 1993. Un jeune étudiant breton, Arthur, rencontre Jacques, un écrivain parisien venu donner une conférence à Rennes. Ils se plaisent, passent une nuit ensemble et se revoient à Paris. Mais il y a plusieurs obstacles et hésitations à leur amour naissant.

Dix ans après Les chansons d'amour, Christophe Honoré revient en grande forme. Plaire, aimer et courir vite, présenté en compétition à Cannes en mai dernier, est un film très beau et très touchant sur un amour impossible.

Le cinéaste nous plonge au milieu de la crise des années sida, en France, pour explorer le déséquilibre de l'amour et le drame «des gens qui doutent». Avec vérité et impudeur.

À l'aube de la quarantaine, père d'un fils, Jacques est «un homme qui se prend encore pour un garçon». Alors qu'il se sait condamné, il vit intensément, dans l'urgence, entre excès de sexe et soif de tendresse, pour conjurer la mort.

S'il y a des étreintes torrides et des scènes de baise frontales dans le long métrage, il y a surtout des répliques et joutes verbales qui rappellent les brillants dialogues de La maman et la putain.

Honoré capture le milieu «intello» des années 90 à Paris, comme Jean Eustache l'a fait pour les années 70 avec son chef-d'oeuvre.

Plaire, aimer et courir vite rend aussi hommage à l'art en général et au cinéma en particulier. Le film est bourré de citations culturelles et de clins d'oeil à Fassbinder, Leos Carax, Robert Wilson, Hervé Guibert, etc.

«La vie est plus étonnante que les films», dit Arthur à Jacques lors de leur rencontre dans une salle de cinéma. «La vie est plus conne que les films», rétorque-t-il.

Avec ce film porté par une fureur de vivre et une fragilité de l'âme, Honoré signe un beau mélodrame sur les ratés du coeur, perdus dans un monde en panne de consolation. Entre nostalgie et maturité.

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Plaire, aimer et courir vite. Comédie dramatique de Christophe Honoré. Avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès. 2 h 12.

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photo fournie par MK2/Mile End