L'histoire: Une mère au bout du rouleau qui vient d'accoucher de son troisième enfant forme une amitié profonde avec une nounou engagée pour l'aider la nuit.

Le réalisateur de Juno, Jason Reitman, renoue avec la scénariste Diablo Cody et l'actrice Charlize Theron avec qui il avait créé Young Adult en 2011, pour une autre de ces comédies douces-amères dont ce trio a le don, cette fois sur l'épuisement parental et la dépression postpartum. Et on a rarement vu au cinéma dépeint de façon aussi minutieuse le labeur d'être une mère de trois enfants en bas âge. On ne nous épargne rien des couches, des douloureuses montées de lait, des mamelons crevassés, des crises de larmes des enfants et du bordel ménager qui vient avec.

Le film commence alors que Marlo (Charlize Theron) est enceinte jusqu'aux oreilles, sur le point d'accoucher, et déjà au bout du rouleau. Cet enfant n'était pas prévu, elle a une fille et un fils «spécial» qui cause des problèmes à l'école et qui aurait besoin, on le sent bien, d'un peu d'aide d'un spécialiste. Drew (Ron Livingston), son mari aimant avec qui la vie sexuelle est en pause depuis longtemps, la soutient comme il peut, mais mollement, et on comprend qu'il n'a jamais entendu parler d'un concept comme la «charge mentale».

Quand le frère de Marlo (Frank Duplass), inquiet pour elle, lui suggère d'embaucher une nounou la nuit, celle-ci apparaît comme par magie, un soir. Tully (Mackenzie Davis) est une jeune femme énergique, compréhensive, pleine d'optimisme et d'empathie, qui rappelle à Marlo sa propre jeunesse. Un lien profond les unit, ce qui redonne du pep à Marlo, en totale confiance et qui se laisse aller à des confidences nocturnes. Car Tully est là pour s'occuper d'elle, et pas seulement du bébé. Il y a cependant dans ce film un grand revirement, bouleversant, qui vient éclairer de façon surprenante la situation de Marlo, son immense courage comme ses faiblesses.

Les répliques écrites par Cody, drôles mais d'une brutale franchise, touchent souvent la cible, en soulignant les exigences impossibles imposées aux nouvelles mamans. Enfin, il y a Charlize Theron, cette comédienne sans peur qui ose depuis Monster se présenter sans artifices - dans ce cas-ci, son visage et son corps fatigués crèvent vraiment l'écran, on a mal pour elle, à un point tel qu'on a juste envie de la prendre dans nos bras, nous aussi, comme Tully, afin de lui donner une pause. Bouleversant, on le répète.

* * * 1/2

Tully. Comédie dramatique de Jason Reitman. Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston. 1 h 36.

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Image fournie par Focus Features

Tully