S'il ne faut pas juger un livre par sa couverture, ajoutons qu'il ne faut pas juger une bande-annonce par les réactions qu'elle suscite.

Le nouveau Ghostbusters de Paul Feig (Bridesmaids, Spy) en est la preuve. Les premières images du film mises en ligne sur YouTube il y a quelques mois ont généré un record incontesté de clics «Je n'aime pas», assortis de critiques sexistes et misogynes de la part des internautes. D'indécrottables nostalgiques, qui n'acceptaient visiblement pas que leurs chasseurs de fantômes adorés soient remplacés par des femmes ni que l'oeuvre originale soit dénaturée.

Tant pis pour eux, car le naufrage souhaité n'aura pas lieu et les femmes triomphent haut la main dans ce reboot du film d'Ivan Reitman, qui agit d'ailleurs comme producteur dans cette troisième mouture (Dan Aykroyd, pour sa part, est producteur délégué).

Le courant passe tellement bien entre les nouvelles casseuses Melissa McCarthy (Mike and Molly, The Heat), Kristen Wiig (The Secret Life of Walter Mitty, Bridesmaids), Leslie Jones (Saturday Night Live) et Kate McKinnon (Saturday Night Live) que les histoires de fantômes finissent par devenir hautement secondaires. Tout le monde a travaillé avec un peu tout le monde et ça transpire à l'écran.

Les dialogues sont souvent hilarants, subtils et volontairement absurdes, en phase avec l'esprit de Saturday Night Live ou de l'excellente série 30 Rock.

Quant à l'histoire, elle est certes convenue, mais elle respecte la franchise.

Erin Gilbert (Kristen Wiig) aspire à un poste d'enseignante à la prestigieuse Université Columbia, mais voilà que le passé revient la hanter (ho-ho!) lorsqu'un livre sur les fantômes coécrit dans sa jeunesse avec sa vieille copine Abby Yates (Melissa McCarthy) refait surface.

On rit fort d'ailleurs lorsqu'elle tente, en vain, de se distancer du livre paranormal face à un homme venu lui proposer de l'aider à exorciser un fantôme qui tourmente un lieu touristique new-yorkais. «Ce livre était une blague!», se défend-elle, jusqu'à ce que l'homme lise les premières lignes de son livre: «Ce livre n'est pas une blague...»

Il faut sûrement être là pour trouver ça drôle, mais ça démontre l'esprit du film, qui ne se prend nullement au sérieux, au point de proposer une satire assumée du genre.

Bref, les deux copines vont finalement renouer, envers et contre tous, et former une escouade pour chasser les fantômes qui commencent étrangement à se répandre dans Manhattan. La bizarroïde, mais géniale Jillian Holtzmann (Kate McKinnon) et l'improbable employée du métro Patty Tolan (Leslie Jones) compléteront l'équipe. Sans oublier Kevin (Chris Hemsworth), le réceptionniste, aussi beau que bête, qui nous fait découvrir une facette drôlement rafraîchissante de l'interprète de Thor, habitué de casser la gueule à de vils personnages pour sauver le monde.

C'est intéressant de voir la récupération des réseaux sociaux dans la traque aux fantômes, XXIe siècle oblige. Les effets spéciaux sont réussis (à voir en 3D) et quelques sursauts sont à prévoir.

Saluons, sinon, le festival de clins d'oeil au film original, qui comprend notamment le logo, la voiture, la caserne, sans oublier Bibendum Chamallow, la maudite chanson-thème qui reste dans la tête et l'incontournable Slimer.

Loin de nous l'idée de divulgâcher votre plaisir, mais disons que les nombreuses apparitions éclair éparpillées dans le film valent à elles seuls le prix du billet (yo Bill Murray!).

Mention spéciale aux personnages secondaires personnifiés par Andy Garcia (le maire), Cecily Strong (son adjointe) et Michael K. Williams, qui apportent du tonus et complètent cette distribution de rêve.

Morale de l'histoire: l'été s'égrène à toute vitesse et s'il fallait adouber un film estival jusqu'ici, on serait enclin à vous suggérer celui-ci.

Sauf si vous êtes sexistes ou misogynes bien sûr.

* * * 1/2



Ghostbusters (V.F.: S.O.S. Fantômes). Comédie de Paul Feig. Avec Melissa McCarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones. 1h56.

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Image fournie par Sony Pictures

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