La maison est bucolique. En pierre, près d'une rivière, dans un verger. Le lieu est atypique. Dans la «réalité», nous sommes à Mont-Saint-Hilaire, sur le tournage de Grande Ourse, la clé des possibles. Dans le film, nous sommes à Port-Lacroix, chez Charles et Christine Foucault.

«Comme on crée un univers pas réaliste, on cherche des lieux de tournage qui aident à créer un monde grande oursien», explique Patrice Sauvé. L'eau, par l'entremise ici de la rivière, joue dans le film «un rôle omniprésent». Il explique: «Le film parle des mondes parallèles, et des choix de vie possible. Le fond des possibles, c'est l'eau, le liquide amniotique.»

Les habitués de la série l'auront compris: on retrouve les personnages de Grande Ourse, d'accord, mais face à une histoire nouvelle, tout à fait indépendante de l'univers télévisuel de la série. «C'est comme si on avait le droit de jouer encore une fois à Grande Ourse, mais qu'on n'était plus limité par la télé», se réjouit le réalisateur.

Louis-Bernard Lapointe (Marc Messier), Émile Biron (Normand Daneau), Gastonne Béliveau (Fanny Mallette) reprennent donc du service pour le film. Biron et Gastonne sont mariés, ils ont une agence de détective privée, Le troisième oeil. Lapointe, lui, vit plus ou moins bien ses pouvoirs de médium.

«L'objet de la quête des héros, c'est de trouver la clé des possibles qui est un objet magique. Lapointe est forcé de partir à la recherche d'un personnage dans le monde des possibles. Mais pour avoir cette clé du monde des possibles, il faut se projeter dans un monde parallèle», explique le scénariste Frédéric Ouellet.

À la fin de la deuxième saison de Grande Ourse, le scénariste avait pris soin de «laisser la porte ouverte» à une suite. L'idée d'une troisième saison a été écartée rapidement, en raison de l'imposant budget que demandait la série. Le film s'est donc imposé de lui-même. «Tout le monde rembarquait dans le projet. Patrice est très rassembleur», dit-il.

Fanny Mallette ne cache pas le plaisir qu'elle éprouve à retrouver Gastonne. «Je me demandais au début comment ça allait se passer, dit-elle. Finalement, je suis arrivée sur le plateau, et j'ai été contente. On joue vraiment: c'est très ludique. Moi, je joue à être une détective.»

«Nous, on espérait beaucoup que le film se fasse. On a beaucoup de plaisir à travailler avec Patrice», dit de son côté Marc Messier. Se glisse-t-il de nouveau dans la peau de Lapointe avec aisance? «C'est sûr qu'il y a une aisance, le chemin est un peu défriché. C'est très plaisant.»

Entre le fantastique, le thriller et la comédie, Normand Daneau croit avoir l'occasion de pouvoir «composer des personnages qui ne sont pas naturalistes». Son personnage, Biron, joue encore «le sceptique de service», dit-il. «Il sert à faire le trait d'union entre le spectateur et le fantastique. Il doit se convaincre lui-même, pour convaincre les spectateurs.»

L'équipe de Grande Ourse est agrémentée de nouveaux personnages. Il y d'abord Évelyne O'Neal (Maude Guérin), l'amoureuse de Lapointe. «Elle est bonne vivante, très saine, mais elle n'aura pas d'autre choix que d'embarquer (dans le fantastique)», révèle Maude Guérin.

Il y a, aussi, dans le monde réel et le monde parallèle, Christine (Gabrielle Lazure) et Charles. Christine, dans le monde réel, doit composer avec le handicap de son conjoint (Frédéric Gilles).

La fille de l'ancien ministre péquiste Denis Lazure, mort cet hiver, qui vit en France depuis 30 ans, a découvert très récemment l'univers de la série. «Le scénario est super étrange, c'est super bien fait et les acteurs sont très bons, très bien dirigés. J'ai pensé que ce serait un plaisir et je suis contente d'être là. Cela avait en plus un sens personnel pour moi de tourner un film québécois», dit la comédienne.

Le tournage de Grande Ourse, la clé des possibles se poursuit jusqu'au 12 juin. Le film, produit Point de mire, soutenu par la SODEC et Téléfilm, est doté d'un budget de 5 679 000 $. Il doit prendre l'affiche en 2009.