Les comédiens Laurence Leboeuf, Dominique Quesnel et Victor Andrés Trelles Turgeon seront au coeur de la distribution du long métrage Le torrent, dont le tournage débutera mardi prochain sur une ferme de la région de Brownsburg-Chatham, a appris La Presse.

Adaptation de la célèbre nouvelle d'Anne Hébert, le film sera réalisé par Simon Lavoie, qui en sera à son troisième long métrage après Le déserteur (2008) et Laurentie, que l'on verra sur les écrans québécois cet automne. La production est sous la gouverne de Lusio Films, une boîte mise sur pied par Jacques Blain, vieux routier de la production (C.R.A.Z.Y., Scoop, La vie, la vie).

En entrevue, Simon Lavoie exprime toute son admiration pour l'univers de la grande écrivaine, morte le 22 janvier 2000. «J'ai lu la nouvelle il y a une dizaine d'années sans me dire que j'allais l'adapter au cinéma. Mais j'ai tout de suite senti qu'on pouvait en faire un film extraordinaire, dit-il. Le texte rejoint tout ce que j'aime en littérature. J'aime le lyrisme d'Anne Hébert, j'aime sa poésie. Le travail qu'elle fait sur la langue est d'une grande maîtrise. C'est somptueux. La syntaxe est parfaite; le vocabulaire, très riche.»

Le réalisateur est tout aussi séduit par la symbolique des oeuvres de l'auteur, tout particulièrement celle-ci. «Dans Le torrent, on trouve un récit qui rejoint avec une grande acuité l'imaginaire collectif des Québécois. Ça parle de tous les grands mythes fondateurs de notre imaginaire: une sorte de culpabilisation par rapport à l'argent, à la sexualité, l'omnipotence de la mère, l'absence du père, le joug de la religion, etc.»

Située dans le Québec rural de 1922, l'histoire est celle de François (Trelles Turgeon), jeune homme qui se révolte contre sa mère, Claudine Perreault (Dominique Quesnel), femme ostracisée pour avoir enfanté en-dehors du mariage. Le jour où François affirme qu'il ne deviendra pas prêtre, Claudine le frappe au point de le rendre sourd. Désormais, il n'entendra plus que le grondement intermittent du torrent. Un jour, après avoir éliminé sa mère, il rencontre Amica (Laurence Leboeuf), jeune femme qui l'apprivoisera avant de le trahir.

«Tout au long du film, François tente de s'affranchir de sa mère. Il y a plein de parallèles qu'on peut faire avec le peuple québécois, évoque M. Lavoie. Il y a des résonnances à l'être québécois.»

Interprètes de grand talent

Simon Lavoie est soufflé par le talent des trois acteurs principaux qu'il a recrutés. Il souligne que Victor Trelles, qui tient le rôle principal, défendra aussi les premiers rôles masculins dans les films Pour l'amour de Dieu de Micheline Lanctôt et Nana Mesnak d'Yves Sioui Durand. «C'est un acteur entier, totalement dédié à l'art. Il est habité», souligne-t-il.

Il a des mots tout aussi flatteurs pour Laurence Leboeuf et Dominique Quesnel. «À l'audition, Laurence était sublime, dit M. Lavoie. Il nous fallait une comédienne solide pour incarner un personnage très complexe et ambigu. Quant à Dominique, c'est d'abord une actrice de théâtre avec un grand registre. Pour nous, elle est la Claudine idéale. Elle a une stature, une énergie, une présence fortes. Elle en impose.»

Anthony Therrien, 12 ans, jouera François petit. Il y aura aussi de petits rôles. Le tournage durera 35 jours et illustrera le passage des saisons. Quelques scènes ont été tournées plus tôt cette année, mais le principal bloc commence mardi.

Deux autres oeuvres d'Anne Hébert, Kamouraska de Claude Jutra et Les fous de bassan d'Yves Simoneau, ont été adaptées au grand écran. Ironiquement, Jacques Blain a été perchiste pour Kamouraska. Qualifiant Anne Hébert d'une «des grandes auteures du Québec», il salue le travail scénaristique de Simon Lavoie. «L'imaginaire de Simon est très près de celui d'Anne Hébert. Entre les deux, il y a un amalgame parfait pour le film», dit-il.

Doté d'un budget de 2,86 millions, Le torrent bénéficie de l'aide de la SODEC, de Téléfilm, du Fonds Quebecor et de Remstar, qui a acheté les droits de distribution. Il sera prêt en mai 2012.