Près de 40 ans après la publication du premier roman de Stephen King, Carrie, adapté en un film-culte signé Brian De Palma, est de retour au grand écran. Chloë Grace Moretz et Julianne Moore reprennent les rôles de Sissy Spacek et de Piper Laurie dans la version contemporaine de ce thriller d'horreur que réalise Kimberly Peirce.

Retour aux origines: actrices, réalisatrice et scénariste avaient ces mots à la bouche lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles en vue de la sortie de Carrie, adaptation du premier roman de Stephen King, mais aussi remake, par Kimberly Peirce, du film-culte de Brian De Palma.

Les artisans du film ont en effet travaillé à partir du livre publié en 1974 - et non du long métrage sorti deux ans plus tard - afin de raconter cette Carrie, adolescente ostracisée par ses pairs, maltraitée par sa mère qui l'étouffe sous les préceptes religieux, qui passe tout près de sortir de sa coquille un soir de bal de fin d'études. Où, finalement, le ciel (de sang) va lui tomber sur la tête. Sa vengeance sera terrible, la jeune fille possédant des dons de télékinésie.

«J'ai passé quatre ans à adapter Le fléau en 31 comic books; je connais donc très bien l'univers de Stephen King. Quand on m'a offert de scénariser Carrie, j'ai d'abord été très excité... sans penser aux répercussions», note le scénariste Roberto Aguirre-Sacasa, qui fait ici référence aux réserves, un euphémisme, que les fans du roman et du film original ont alors exprimées.

Mais il a foncé et tenté de retrouver, en écrivant, la peur qu'il avait ressentie en voyant le long métrage de Brian De Palma. «J'étais beaucoup trop jeune, 9 ou 10 ans peut-être. Je ne comprenais pas tout, mais je sais exactement pourquoi j'ai eu aussi peur et pourquoi j'ai tellement aimé ce film.» C'est ce qu'il a voulu recréer dans son scénario, en creusant davantage les relations entre les personnages et leurs motivations. «Parce que l'histoire comme telle n'avait pas besoin d'être "réparée": elle est excellente, tout est déjà là.»

Toujours actuel

Même point de vue chez Kimberly Peirce (Boys Don't Cry), pour qui le défi consistait à amener le récit au temps d'aujourd'hui. «Stephen King a écrit un conte extraordinaire, toujours d'actualité, c'est l'envers de l'histoire de Cendrillon», dit la réalisatrice qui compte Brian De Palma parmi ses amis. «Je l'ai appelé quand on m'a proposé le remake; il m'a conseillé de plonger.»

Elle a donc lu et relu le roman. Y a vu «une sorte d'histoire des origines d'un superhéros» - ce qui est très «tendance». A aussi compris comment intégrer ces médias sociaux absolument incontournables de nos jours: puisque Carrie a vécu dans l'isolement le plus total, le fait que ses malheurs se retrouvent sur YouTube aura sur elle un impact d'autant plus dévastateur qu'elle ignore tout de ce média.

Enfin, la réalisatrice a décidé, pour répondre aux exigences et aux attentes du public d'aujourd'hui, de recruter des acteurs de l'âge des personnages, alors que Sissy Spacek avait 26 ans quand elle a tourné le film original et John Travolta, 22.

Dans tous les sangs

En ce qui concerne les effets spéciaux, ce sont les actrices qui y ont goûté. «J'avais un harnais pour être soulevée dans les airs, un harnais pour tourbillonner, un harnais pour avoir la tête en bas. C'était comme faire l'école du cirque», a plaisanté Julianne Moore en évoquant la scène finale entre Martha, la mère, et Carrie, déchaînée.

Chloë Grace Moretz évoque pour sa part son «rapport» au sang. Aux sangs, en fait. «Il y en a une dizaine de sortes dans l'acte final du film. Celui qui me tombe sur la tête, celui qui me colle au corps tout de suite après, celui qui est souillé par la poussière de la route, celui qui commence à sécher à cause de la chaleur de l'explosion de la station- service, celui que je lave dans la baignoire, etc.»

Bref, seul le sang d'encre n'était pas de la partie: aucune des deux comédiennes ne s'en est fait.

> Carrie prend l'affiche le 18 octobre. Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.

Julianne Moore est Margaret White

«J'ai déjà joué des personnages déséquilibrés. Barbara Baekeland, dans Savage Grace, était assez folle, mais plutôt dans le genre sociopathe. Margaret White, quant à elle, est une psychopathe», juge l'actrice. Pour elle, le coeur de Carrie s'appelle Stephen King: «Il a le don de prendre des problématiques sociales importantes et d'en faire de grands récits d'horreur. Carrie est l'une des grandes histoires écrites à propos de l'adolescence.» Julianne Moore a toujours dit à ses propres enfants de «surveiller les solitaires, ceux qui mangent leur lunch seuls, ceux qui semblent ne faire partie d'aucun groupe». L'intimidation n'est parfois pas loin, et c'est un problème d'actualité, comme ce l'était lorsque Stephen King a écrit son roman. 

PHOTO FOURNIE PAR MÉTROPOLE

Chloë Grace Moretz et Julianne Moore

Chloë Grace Moretz est Carrie White

Entourée - bien entourée, en fait - par sa mère et ses quatre frères aînés, Chloë Grace Moretz n'a pas la fragilité de Carrie. Équilibrée - «ils veillent tous à ce que je garde les pieds sur terre» -, la comédienne de 16 ans assure avoir, comme tout le monde, des zones sombres où s'amoncellent ces choses «qui font émerger la vulnérabilité». C'est dans ces zones qu'elle est allée chercher la Carrie blessée. Elle a adoré. «En fait, le plus ennuyeux, pour moi, était de jouer la Carrie heureuse, confiante en elle. Cette fille-là, je la connais trop bien, elle ne pose pas de défi.» Or, la superhéroïne de Kick-Ass, la vampire de Let Me In et la louve-garou de Dark Shadows carbure aux défis.