La 70e soirée des Golden Globes a saupoudré ses prix cinématographiques à gauche et à droite, comme à son habitude. La cérémonie des Golden Globes a l'habitude d'être généreuse avec tous ses finalistes.

Cette soirée strass et paillettes unique, réunissant les stars du petit comme du grand écran dans une ambiance bon enfant, est d'ordinaire beaucoup moins guindée que celle des Oscars. Elle donne à boire et à manger à son parterre de vedettes. Voilà pour les fleurs. Le pot maintenant.

Les Golden Globes, sélectionnés par les quelque 80 membres de la Hollywood Foreign Press Association (HFPA), formée de «journalistes» dont la pratique n'est pas très claire, n'a pas le quart du prestige des Oscars. Et pas seulement parce que des accusations de pots-de-vin ont entaché il y a quelques années le processus de sélection des lauréats.

Surtout, en fait, parce qu'elle fait parfois des choix incongrus. Je ne prétends pas que les pots-de-vin expliquent que la HFPA ait pu décréter que Argo de Ben Affleck est le meilleur film de 2012. Ni que c'est pour cette raison que Ben Affleck, dont le troisième long métrage, un thriller politique efficace et divertissant, plutôt bien réalisé mais archi convenu, ait pu être désigné comme le plus grand cinéaste de la dernière année.

Que l'acteur ait été préféré à Quentin Tarantino, Kathryn Bigelow, Ang Lee et Steven Spielberg dans ces deux catégories donne à mon sens la mesure du peu de crédibilité des Golden Globes. Malheureusement.

Il aurait mérité mieux sans doute, mais Quentin Tarantino a tout de même remporté le prix du meilleur scénario pour le délirant Django Unchained. Le cinéaste iconoclaste s'est dit «heureux d'être surpris» de cet honneur, que plusieurs voyaient sans doute couronner le travail (moins échevelé) du scénariste de Zero Dark Thirty, le journaliste d'enquête Mark Boal.

Django Unchained a aussi valu à Cristoph Waltz le prix du meilleur acteur de soutien. Il y est parfaitement délirant en ex-dentiste allemand recyclé en chasseur de primes au verbe truculent. On l'a découvert dans Inglourious Basterds. Il confirme son énorme talent dans le nouveau Tarantino, réécrit sur mesure pour lui.

L'excellente Jessica Chastain, particulièrement émue, a mérité le prix de la meilleure actrice dans un drame pour son rôle d'agente de la CIA ayant permis de capturer Oussama ben Laden dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. «Je ne peux m'empêcher de comparer mon personnage à toi», a-t-elle dit à la cinéaste.

Le prix du meilleur acteur dans un drame a récompensé le travail de Daniel Day Lewis, très sobre dans le rôle-titre de Lincoln de Steven Spielberg. Aura-t-il la main aussi heureuse à la soirée des Oscars?

Dans la catégorie «comédie ou comédie musicale», Les Misérables de Tom Hooper a fait le plein de prix, dont celui du meilleur film. Anne Hathaway a remporté le prix de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle a remercié sa mère, qu'elle a vu interpréter ce même rôle sur scène alors qu'elle n'avait que 8 ans. Son comparse des «Miz», Hugh Jackman, s'est vu décerner le prix du meilleur acteur. Ce qui, de son propre aveu, lui a permis de se guérir d'une vilaine grippe. À chacun son remède.

«J'ai battu Meryl!» a dit la lauréate du prix de la meilleure actrice dans une comédie ou une comédie musicale, Jennifer Lawrence, 22 ans, pour le spirituel et divertissant Silver Linings Playbook de David O. Russell. La chanteuse britannique Adele, très drôle et candide dans ses remerciements, a remporté sans surprise le prix de la meilleure chanson originale pour Skyfall, du très divertissant film de James Bond du même nom. Le Canadien Mychael Danna a cueilli le prix de la meilleure trame sonore pour Life of Pi d'Ang Lee d'après le roman de Yann Martel.

Le prix du meilleur film étranger, présenté par Arnold Scharzenegger et Sylvester Stallone, a couronné le magistral Amour de l'Autrichien Michael Haneke, grand favori à l'Oscar dans la même catégorie. «Je n'aurais jamais cru recevoir un prix à Hollywood des mains d'un Autrichien», a dit, pince sans rire comme toujours, le double Palmé d'or.

Un hommage a par ailleurs été rendu à l'actrice et réalisatrice Jodie Foster, 50 ans, dont 47 devant la caméra, qui a bien résumé ce qu'est la cérémonie des Golden Globes: «C'est le party le plus amusant de l'année et, ce soir, je me sens comme la reine du bal!» Elle a aussi décidé de dire publiquement qu'elle était... célibataire. Elle qui ne cache pas son homosexualité depuis des années.

La cérémonie des Golden Globes, sans temps mort et réglée au quart de tour comme toujours, a été animée de main de maître par les ex-Saturday Night Live Amy Poehler et Tina Fey. Excellentes, mais malheureusement trop peu présentes après leur hilarant numéro d'ouverture.

«Quand on parle de torture, je fais confiance à la femme qui a été mariée trois ans à James Cameron», a entre autres déclaré Amy Poehler à propos de la réalisatrice Kathryn Bigelow et de la controverse autour de son film Zero Dark Thirty, grand oublié de la soirée.

> Relisez le clavardage avec Sonia Sarfati

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