Deux actrices canadiennes, dont une Montréalaise, ajoutent leur nom à la liste de plus en plus longue de femmes qui accusent le producteur hollywoodien Harvey Weinstein de harcèlement sexuel ou d'agression sexuelle.

Dans une entrevue à CBC, la Montréalaise Erika Rosenbaum a affirmé que le magnat déchu du cinéma lui avait fait des avances sexuelles agressives au cours de trois rencontres distinctes il y a près de 15 ans.

Harvey Weinstein, qui a été licencié de l'entreprise cinématographique qu'il a cofondée, a nié vendredi par le biais d'une porte-parole toute allégation de contact non consensuel. Il a précédemment fait paraître d'autres déclarations pour nier des allégations semblables.

Erika Rosenbaum a déclaré avoir rencontré Harvey Weinstein pour la première fois à Los Angeles quand elle était au début de la vingtaine.

Elle a affirmé qu'elle l'a rencontré trois fois de plus pour discuter de sa carrière et a allégué que le producteur avait agi de manière inappropriée et a essayé d'avoir des rapports intimes avec elle.

Erika Rosenbaum a allégué qu'au cours de leur troisième rencontre - dans une chambre d'hôtel pendant le Festival international du film de Toronto au milieu des années 2000 - Harvey Weinstein l'a agrippée par la nuque et s'est masturbé en se tenant derrière elle.

«Mes déclarations aux médias ont été très difficiles à raconter», a indiqué vendredi Mme Rosenbaum, qui a notamment tenu des rôles dans les films Brooklyn et The Trotsky.

«J'ai longtemps tenu secrète mon expérience avec Harvey Weinstein. J'ai senti qu'il était important de dire la vérité et de dénoncer le harcèlement sexuel que d'autres ont enduré.»

«Il y a un dialogue important que nous devons avoir. Je veux faire partie de ce dialogue et me tenir du bon côté de l'histoire.»

Mia Kirshner dénonce à son tour

Dans une lettre d'opinion publiée vendredi sur le portail web du Globe and Mail, la Torontoise Mia Kirshner a raconté à son tour un supplice vécu auprès de Harvey Weinstein.

Elle affirme qu'il voulait la traiter «comme du bétail qu'il pouvait acheter avec des promesses de travail en échange d'être son orifice jetable».

Mia Kirshner, qui a notamment décroché des rôles dans The L Word et Exotica, a réagi en écrivant une série de propositions de changements à travers l'industrie du cinéma et de la télévision pour prévenir les inconduites sexuelles. Elle a défini une série de mesures à mettre en place par la guilde des acteurs (Screen Actors' Guild) et de l'Alliance canadienne des artistes du cinéma, de la télévision et de la radio (ACTRA) pour soutenir leurs membres de façon concrète.

L'ACTRA soutient avoir mis en place des politiques anti-harcèlement et être intervenue rapidement lorsque des incidents ont été rapportés sur des plateaux de tournage ou à l'interne. Elle reconnaît tout de même qu'elle peut faire mieux.

Le syndicat d'acteurs veut travailler avec d'autres organismes de l'industrie pour mettre en place une grande stratégie pour combattre, dénoncer et traquer les inconduites sexuelles. L'ACTRA veut mettre fin à la culture du silence et créer un environnement sécuritaire pour que les victimes puissent dénoncer sans crainte de représailles.

Trésorière nationale de l'ACTRA et présidente de la section torontoise, Theresa Tova confirme que «le divan dans la salle d'audition est une réalité et ça n'arrive pas seulement au sud de la frontière et ce n'est pas seulement Harvey».

Erika Rosenbaum et Mia Kirshner ont refusé les demandes d'entrevue de La Presse canadienne vendredi.

Elles sont les deux premières Canadiennes à se joindre à la liste d'une trentaine de femmes qui ont accusé Harvey Weinstein de conduite inappropriée depuis que le scandale a éclaté dans le New York Times.