Des proches et des vedettes égyptiennes ont fait dimanche leurs adieux à Omar Sharif, l'acteur mythique de Lawrence d'Arabie et du Docteur Jivago, dont les funérailles ont été célébrées dans la discrétion dans une mosquée du Caire.

«Le monde a perdu un grand acteur», a salué l'ex-ministre des Antiquités et égyptologue de renom Zahi Hawass à l'issue de la cérémonie.

«Omar Sharif a représenté l'Égypte dans le monde de la meilleure façon possible», a renchéri le célèbre acteur Hussein Fahmy.

Le comédien au regard pénétrant, au sourire de jeune premier et à la voix rauque est mort vendredi d'une crise cardiaque à l'âge de 83 ans.

Ses proches et quelques vedettes égyptiennes se sont retrouvés pour ses funérailles dans une mosquée de la banlieue du Caire où se tiennent les cérémonies religieuses officielles. Aucune vedette d'Hollywood n'était présente, a constaté un journaliste de l'AFP.

Après la prière traditionnelle, le cercueil, couvert d'un drapeau de l'Égypte et d'une étoffe noire sur laquelle étaient brodés des versets du Coran, a été transporté dans une voiture pour être conduit au cimetière Sayyeda Nefissa, au sud de la capitale.

Omar Sharif, qui souffrait de la maladie d'Alzheimer, avait été interné un mois avant son décès dans une clinique huppée du Caire. «Je l'ai vu la semaine dernière, il ne mangeait plus et ne buvait plus», a témoigné M. Hawass.

Après l'annonce de sa mort, les médias égyptiens et les utilisateurs des réseaux sociaux avaient multiplié les hommages émus, partageant des extraits de ses films ou des photos de l'acteur.

La maladie avait contraint M. Sharif à s'éloigner des plateaux en 2012, après une dernière apparition dans Rock The Casbah, de Laïla Marrakchi, clôturant une carrière riche de plus de 70 films.

«Beau, sophistiqué et charmant»

Né Michel Chalhoub le 10 avril 1932 à Alexandrie (nord) dans une famille de négociants en bois précieux d'origine syro-libanaise, il fut élevé dans le rite grec-catholique melkite.

Il se convertit à l'islam pour épouser l'icône du cinéma arabe, l'actrice égyptienne Faten Hamama --décédée en janvier-- avec qui il aura un fils, Tarek.

Le couple, l'un des plus glamours et les plus charismatiques du cinéma égyptien, a divorcé en 1974 alors que l'acteur, déjà célèbre en Égypte, lançait sa carrière à Hollywood.

Cela n'avait pas empêché Omar Sharif de la décrire comme le seul amour de sa vie.

«C'était des gens de valeurs. Ils font partie de l'Histoire et tout le monde les aimait», a déclaré Mohamed al-Bassiouni, un Caïrote de 75 ans qui avait tenu à être présent à l'enterrement tout comme il avait assisté aux funérailles de Faten Hamama en janvier.

Omar Sharif était devenu une vedette internationale après Lawrence d'Arabie (1962), qui lui valut le Golden Globe du Meilleur second rôle.

En 1965, il retrouve David Lean qui le dirige dans Le docteur Jivago pour lequel il reçoit le Golden Globe du Meilleur acteur pour son interprétation du médecin russe.

Très éclectique, il incarne par la suite Gengis Khan, le tsar Nicolas II, le Capitaine Nemo et joue notamment dans Funny girl de William Wyler (1968) avec Barbara Streisand, et Mayerling (1968) de Terence Young.

«Il était beau, sophistiqué et charmant (...)  J'ai de la chance d'avoir eu l'opportunité de travailler avec Omar», avait salué vendredi Barbara Streisand.

Son caractère colérique l'a amené devant la justice. Champion de bridge, propriétaire d'une importante écurie de chevaux de course, habitué des casinos, il dira en 2006 avoir arrêté de jouer «pour ne plus être esclave d'une passion», à l'exception du cinéma.

Polyglotte, il a surtout vécu en France, aux États-Unis et en Italie. Mais l'acteur, dont l'humour était aussi fin que le caractère ombrageux, préférait mener une vie de «nomade». Au soir de sa vie, il s'était rapproché de sa famille en Égypte.