Iriez-vous en vacances aux États-Unis au volant d'un véhicule électrique? Sans doute pas, mais moi, oui. Pour le journal, bien sûr...

Comme vous, je présume, la faible autonomie d'un véhicule électrique me fait peur. Le simple fait de devoir calculer sans cesse son itinéraire a de quoi rendre fou.

Ce matin, si je me rends au bureau, y aura-t-il assez d'énergie accumulée dans la batterie pour rentrer à la maison le soir? Sûrement, mais pourrais-je aussi m'arrêter au centre commercial? Et chez le nettoyeur? Peut-être bien, mais sans doute faudra-t-il songer en cours de route à couper la climatisation. Et la partie de soccer du petit dernier? On déclare forfait ou l'on demande au parent d'un coéquipier de faire le taxi?

Bref, au quotidien, un véhicule électrique est loin d'être une sinécure. Avec un véhicule à essence, pas de souci. On s'arrête à la station-service et hop là, on reprend la route sans jamais s'inquiéter de tomber en panne.

Le meilleur moyen de combattre une peur, c'est de l'affronter. Voilà pourquoi j'ai choisi de prendre la route des vacances au volant d'un véhicule électrique.

D'ailleurs, au moment où vous lirez ces lignes, je me trouverai quelque part - mais où? - entre Montréal et Old Orchard. Un trajet qui généralement prend six heures avec un véhicule à essence. Un véhicule électrique? Aucune idée.

Bien sûr, on présume que l'autonomie de batteries permet de parcourir quelque 160 kilomètres. Pour atteindre cet objectif, faut-il que la route soit dénuée de tout relief? Que le vent soit favorable? Je n'en sais rien. Cette autonomie théorique fait peur.

D'autant plus que les bornes de recharge sont à peu à près inexistantes. Il existe bien sûr quelques sympathisants du tout électrique qui invitent à venir faire le plein à leur domicile. Il y a aussi quelques hôtels qui agitent des prises de 220 volts - plus rapides - dans leur publicité. L'ennui est qu'elles se trouvent à des dizaines, voire une centaine de kilomètres du chemin normalement emprunté pour se rendre à cette station balnéaire du Maine. Pas la peine de faire le détour.

L'expédition s'annonce difficile. Le nombre de kilomètres est pourtant connu. L'autonomie présumée du véhicule aussi. Mais il y a tant d'impondérables. On se prépare du mieux possible. Il faut prévoir le temps d'arrêt pour la recharge (une dizaine d'heures), les possibilités de gagner quelques kilowatts supplémentaires en tirant profit de la récupération d'énergie au freinage - difficile sur les voies rapides - et le flux de circulation, bien sûr.

Pour être mieux préparé, je me suis longuement exercé, avant le départ, au volant de la Focus électrique, compagne de mes vacances. Pour en tirer le maximum, j'ai observé attentivement son mode de fonctionnement pour éviter le gaspillage de kilowatts.

Pour ce faire, j'ai adapté ma conduite, sans jamais nuire aux autres usagers de la route. J'ai redécouvert les vertus du régulateur de vitesse et du déodorant... Glaces fermées, pas de climatisation avec une température de 34o Celsius, cela va de soi.

L'aventure a déjà commencé. Et en toute franchise, je n'ai qu'une inquiétude. Revenir à temps pour prendre un vol jeudi. Pour de vraies vacances.