En 1983, Chevy Chase a amené la famille Griswold en vacances d'un bout à l'autre des États-Unis, dans une familiale Chevrolet. Le film National Lampoon's Vacation célébrait la bonhomie et les petits travers de ces odyssées.

Un quart de siècle plus tard, ce genre de vacances semble beaucoup moins désirable. Quand Robin Williams propose à sa famille un périple en autocaravane, dans le film VR, tant les enfants que la maman lèvent les yeux au ciel. Malgré le confort relatif du «véhicule récréatif», du moins par rapport à une familiale, les Munro semblent des extraterrestres face aux autres gens qu'ils rencontrent sur la route. Les derniers des Mohicans du voyage en famille.

Ce phénomène est décrit en détail dans le livre d'une historienne de l'Utah. Are We There Yet?, de Susan Sessions Rugh, qui explique comment l'apparition des vacances familiales en voiture a façonné les environs des autoroutes et le tourisme en Amérique du Nord, des chaînes d'hôtels en passant par les parcs d'attractions et la restauration rapide.

Voyage plus courts et plus fréquents

«Les années 50 et 60 ont été l'âge d'or des voyages en famille en automobile», explique Mme Rugh, en entrevue depuis l'Université Brigham Young, à Provo. «Encore aujourd'hui, 85% des vacances familiales se prennent en voiture. Pour les longs trajets, la plupart des gens prennent l'avion, puis louent une voiture arrivés à destination. Les voyages sont aussi plus courts et plus fréquents. On tire profit des longues fins de semaine ajoutées dans les dernières décennies, comme la fête de Colomb. Il y a aussi plus de vacances d'hiver, qui n'existaient pas vraiment avant les années 70. On ne peut pas vraiment faire des longs périples en voiture pendant l'hiver.»

Un paysage façonné

Les vacances en voiture ont façonné le paysage autoroutier nord-américain. «Les parcs d'attractions se sont installés le long des autoroutes, dit Mme Rugh. Ils n'étaient plus limités à la ville. Les restaurants familiaux comme Dennys, qui servent à la fois du fast food et des plats «pour adultes» à des prix modiques, se sont établis. Et les chaînes d'hôtels se sont multipliées, pour garantir une certaine stabilité des prix et de la qualité. Holiday Inn a été la première à permettre aux enfants de dormir gratuitement dans la chambre de leurs parents. Ç'a été toute une révolution, qui a donné le gros bout du bâton aux touristes.»

Plus de passe-temps

Les vacances familiales d'aujourd'hui nécessitent rarement des déplacements de plus d'une journée en voiture. Et la variété des passe-temps est autrement plus grande. «Dans les années 60 et 70, les enfants qui jouaient à des jeux de société en voiture plutôt que de chanter avec leurs parents étaient considérés comme des chanceux, presque des enfants gâtés. Maintenant, il y a des films, des jeux vidéo. Et les batailles épiques pour le contrôle de la banquette arrière sont chose du passé: comme les enfants sont attachés avec des ceintures de sécurité, ils ne peuvent plus repousser leurs frères et soeurs dans le coin. Il y a beaucoup moins de bagarres fraternelles dans les voitures.»

Même les VR sont touchés par la baisse de popularité des vacances en voiture, notamment à cause de la hausse des coûts de l'essence. Les ventes ont progressé sans arrêt aux États-Unis entre 1978 et 2004, puis ont atteint un plateau, selon USA Today.