Contrairement à leurs voisins américains, ce n'est pour demain que les parents québécois seront encouragés à attendre que leur enfant fête ses 2 ans avant de tourner son siège d'auto vers l'avant.

Pour l'instant, ni la principale association de pédiatres canadiens, ni la Société de l'assurance automobile (SAAQ), ni le CAA-Québec ne prévoient imiter l'Académie américaine de pédiatrie et l'Agence de sécurité routière américaine, qui viennent de recommander que les sièges d'auto pour enfants soient maintenus vers l'arrière jusqu'à l'âge de 2 ans.

La directrice des affaires médicales à la Société canadienne de pédiatrie, Danielle Grenier, estime que comme les courbes de croissance ne sont pas les mêmes pour tous les enfants, l'âge n'est pas le meilleur indicateur pour déterminer l'orientation idéale du siège d'auto pour enfants.

«Le plus longtemps on peut les garder face à l'arrière, le mieux c'est, dit Mme Grenier. Mais ce qui décide combien de temps l'enfant est dans un siège d'auto vers l'avant, vers l'arrière ou dans un siège d'appoint, c'est le poids et la grandeur.»

Dans un document de prévention qu'elle a fait parvenir au Soleil, la Société canadienne de pédiatrie mentionne toutefois un poids et un âge. «Il faut utiliser les sièges d'auto orientés vers l'arrière jusqu'à ce que l'enfant pèse au moins 10 kg, ait au moins un an et sache marcher», peut-on lire.

Sur son site internet, la SAAQ indique pour sa part que «les enfants doivent être placés face vers l'arrière jusqu'à au moins un an».

La SAAQ ne bouge pas

Sa porte-parole, Audrey Chaput, affirme que la SAAQ ne changera pas sa recommandation tant qu'elle n'aura pas eu le temps de se pencher sur les recommandations américaines.

«Il est encore trop tôt pour se prononcer là-dessus, dit-elle. Mais s'il y a une meilleure façon de faire, on va la considérer.»

Pour le moment, le CAA-Québec préfère ne pas recommander de limite d'âge pour déterminer l'orientation du siège, mais conseille aussi de le laisser le plus longtemps possible vers l'arrière.

«Nous, on ne parle pas de 12 mois, indique Philippe Saint-Pierre, porte-parole de CAA-Québec. On parle vraiment de tant que l'enfant est en mesure de s'asseoir vers l'arrière dans un siège qui lui convient.»

Les parents doivent toutefois s'assurer de ne pas dépasser le poids maximal du siège vers l'arrière, souligne M. Saint-Pierre. La tendance des fabricants est toutefois d'augmenter la capacité de leurs sièges vers l'arrière, indique-t-il.

La recommandation de l'Académie américaine de pédiatrie se base sur une étude de 2007 de l'Université de Virginie qui a montré que les enfants de moins de 2 ans ont 75% moins de chances de souffrir de blessures sévères ou fatales à la suite d'un accident s'ils sont assis vers l'arrière.

«La tête d'un bébé est relativement grande par rapport au reste de son corps, et les muscles de son cou sont structurellement immatures», écrit le Dr Dennis R. Durbin, auteur principal de la recommandation américaine. «S'il fait face à l'arrière, son corps entier est mieux soutenu par la coquille du siège d'auto. Quand il fait face à l'avant, ses épaules et son tronc peuvent être bien retenus, mais dans une violente collision, sa tête et son cou peuvent voler vers l'avant.»