La présence ou non de la voiture électrique sur nos routes n'est pas la véritable réflexion à mener. Ni un enjeu, ni une solution à un problème fondamental. Pour les «sceptiques» et les «étapistes», elle n'est qu'un arbre qui cache une immense forêt.

La forêt de la mobilité, du transport et de la consommation énergétique. En d'autres termes, pour ces pro-électriques plutôt mous, cette voiture n'est pas à elle seule le mode de transport écologique et efficace qui doit nous permettre de nous déplacer. Il faut aller plus loin dans la réflexion et fixer comme objectif la mobilité collective des personnes. La voiture électrique incarne le transport individuel, à un coût trop élevé dans l'immédiat. Et les mesures prises à ce jour ne sont pas toujours cohérentes.

«Il est illusoire de penser qu'offrir 10 000$ (en subventions) pour une voiture, cela va avoir un impact positif», juge Pierre-Olivier Pineau, professeur agrégé aux HEC, spécialiste en politique énergétique. Il faut plutôt taxer les pollueurs pour récompenser les plus écologiques, dit Daniel Breton qui fait référence au système de bonus-malus existant en France notamment. Le président du mouvement Maîtres chez nous 21e siècle pense qu'il faut une stratégie politique cohérente en matière de transport et d'énergie. L'un ne va pas sans l'autre.

En somme, la voiture électrique ne doit être qu'une pierre dans l'édifice.

«Il ne faudrait pas que le Québec se précipite et dépense des milliers de dollars en infrastructures de recharge. Oui, on va vers l'électrique, mais dans 25 ans. On ne fera pas des progrès en deux ans dans le domaine des batteries», dit le physicien Pierre Langlois, auteur de Rouler sans pétrole.

Le président de l'Association pour la protection des automobilistes, George Iny, estime même qu'il est «envisageable et prévisible que cela ne marche pas en Amérique du Nord».