Les restrictions budgétaires imposées par le gouvernement du Québec à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) commencent à se faire sentir, et les premiers touchés sont les grands festivals en milieu urbain.

La SODEC a rencontré récemment les principaux festivals qui évoluent dans les grands centres et qui reçoivent chaque année des fonds du volet «aide aux événements nationaux et internationaux» du Programme d'aide à la diffusion en variétés. Selon Le Devoir, on aurait alors annoncé que leur enveloppe était amputée d'environ 12%, dans certains cas.

«Je ne peux confirmer ni infirmer cette information. [Ces organisations] n'ont toujours pas reçu la lettre officielle qui confirme les sommes», a affirmé vendredi matin Fannie Sénéchal, directrice des communications pour la SODEC, précisant que les festivals en région n'étaient pas touchés par ces nouvelles compressions.

À la fin juin, La Presse révélait que la SODEC, tout comme le CALQ, s'était vu imposer une cure minceur à son budget d'environ 3%, en plus d'une réduction obligatoire d'environ 2% de sa masse salariale. Ce climat d'austérité est imposé à l'ensemble des sociétés d'État par le gouvernement Couillard, expliquait alors le cabinet de la ministre de la Culture, Hélène David.

À la demande de Québec, un rapport final et des solutions chiffrées doivent être présentés sous peu au conseil d'administration de la SODEC, qui gère son budget de façon indépendante, ainsi qu'au cabinet de la ministre, d'où émanent certaines directives budgétaires.

De nouveaux fonds seront ajoutés ailleurs

Au cabinet de la ministre de la Culture, Hélène David, on a tenté vendredi matin de minimiser ces nouvelles coupes. «Les montages financiers de ces événements sont complexes et impliquent divers ministères, dont celui du Tourisme. Au final, sans m'avancer dans un pourcentage précis, c'est environ 10 000 $ qui seront retranchés de leurs enveloppes respectives», a précisé Philip Proulx, attaché de presse de la ministre.

Le ministère de la Culture et la SODEC ont refusé de divulguer la liste finale des festivals qui sont touchés par ces coupures. Selon Le Devoir, il s'agit du Festival international de jazz de Montréal, des FrancoFolies de Montréal, du Festival d'été de Québec et du Festival Juste pour rire. Montréal en lumière et le ComediHa! de Québec seraient aussi touchés, mais pas Osheaga et le Rockfest de Montebello, a-t-on toutefois précisé.

Ces mauvaises nouvelles arrivent alors que la saison des festivals est à son paroxysme, partout au Québec. Ces coupes, imposées par la SODEC, rendent la tâche difficile aux organisations qui doivent prévoir un budget sans connaître le montant final des fonds publics auxquels ils ont droit.

Au cabinet de la ministre David, on se dit sensible à ces critiques. «Ils (NDLR: les festivals) marquent un point. Nous réfléchissons à cette problématique et nous verrons aussi si des ententes financières pluriannuelles sont possibles, à l'avenir», a indiqué M. Proulx à La Presse.

Du côté de l'opposition officielle, la critique en matière de culture, la péquiste Véronique Hivon, a déploré à nouveau le manque flagrant de transparence de la ministre Hélène David.

«On se demande où ça va arrêter, et si ça va arrêter! Ces coupures ont des impacts importants sur le milieu culturel», a affirmé la députée de Joliette.

«Ce qui me préoccupe énormément, c'est qu'on n'arrive pas à avoir de la transparence. Ces compressions surprises n'étaient pas annoncées lors de l'étude des crédits, après le dépôt du budget. Rappelons-nous que certains festivals composent avec ces compressions alors que leur événement est déjà terminé. Ce n'est pas évident», a ajouté Mme Hivon.