Richard Lachance, président de Cogeco Média, était encore sur un nuage vendredi, deux jours après la publication du sondage Numeris PPM de l'automne. En effet, sur les 20 émissions les plus écoutées à Montréal, 11 sont produites par ses stations, 98,5 FM et Rythme FM.

Quand on regarde les top 5 des émissions les plus populaires dans chacun des créneaux de la journée (matin, matinée, midi, après-midi, retour à la maison), tous les sommets sont occupés par des émissions du groupe Cogeco. Les employés avaient donc toutes les raisons du monde de festoyer.

«Nous sommes extrêmement contents de ces résultats, m'a dit Richard Lachance. Le 98,5 FM demeure une super radio. Elle demeure la radio avec les scores les plus élevés au Canada; ce n'est pas rien.»

«L'émission de Paul Arcand est l'émission du matin la plus écoutée au pays. Cela est prestigieux pour Montréal. On devrait tous être fiers de ça.»

Au cours de l'entrevue que j'ai menée avec lui, il n'a fallu qu'une minute à Richard Lachance avant de prononcer le nom de Paul Arcand. Celui que l'on surnomme le «roi des ondes» représente la «locomotive» de la station, mais aussi la fierté du dirigeant de Cogeco Média.

«Paul ne porte pas le titre de "roi des ondes" pour rien. J'ai rarement vu un gars aussi travaillant. C'est ça, son secret. Il est doué, c'est sûr, c'est un formidable homme de radio, mais il travaille très fort. Son quotidien tout entier sert à préparer ses émissions de radio. Il arrive tôt, il participe à des réunions après l'émission, il reparle à son équipe plus tard dans la journée, il n'arrête pas. Les résultats qu'il obtient ne viennent pas seuls. Cela dit, il a une sacrée équipe avec lui», ajoute Richard Lachance, évoquant notamment le travail de Monic Néron et d'Émilie Perreault dans l'enquête sur Gilbert Rozon.

Des animateurs près du public

L'une des surprises de ce sondage est l'excellente performance de Bernard Drainville, la plus récente «acquisition» du 98,5 FM. L'ex-politicien présente depuis août dernier Drainville PM. Il faut normalement à une émission comme la sienne deux ou trois sondages avant de s'installer. Il n'aura fallu que quelques semaines à l'animateur pour s'emparer de la troisième place des émissions les plus écoutées.

«J'avais extrêmement confiance en Bernard, mais j'avoue que les résultats m'ont jeté à terre. Bernard est du même moule que Paul Arcand. C'est quelqu'un qui se donne beaucoup. Mais surtout, c'est un animateur qui est très près de ses auditeurs. À la radio, contrairement à la télévision, tu ne peux pas tricher. Les gens sentent l'authenticité des animateurs. Isabelle Maréchal a aussi cette approche avec ses auditeurs. En fait, toute l'équipe du 98,5 FM a cette qualité.»

Se renouveler, même au top

En 13 ans, Rythme FM s'est taillé la réputation d'une radio musicale très forte. Ses nombreuses têtes d'affiche sont très aimées du public. Julie Bélanger, Mario Lirette, Mitsou, Jean-Philippe Dion, Marie-Soleil Michon, Sébastien Benoit, Philippe Pépin et Marie-Ève Janvier sont les personnalités qui forgent l'image de Rythme FM.

Richard Lachance croit que pour assurer le succès de cette station, il ne faut pas lésiner sur le contenu. «C'est vrai que cette radio a connu une baisse au printemps dernier, mais on a su se redresser. Le danger avec la radio, c'est d'avoir le nez collé sur la vitre. Comme patron, il faut savoir interpréter les baisses que tu peux connaître. C'est ce qu'on a fait. Il faut ensuite réagir.»

Richard Lachance travaille dans le domaine de la radio depuis bientôt 40 ans. Ce milieu n'a plus vraiment de secrets pour lui.

«Quand tu es numéro 1, tu peux être tenté de ne faire aucun changement. Je ne crois pas à ça. Il ne faut pas hésiter à renouveler les choses, même si tu es au top. Sinon, tu deviens usé et il est difficile de remonter.»

«À Rythme FM, on a changé des gens, mais on a su en garder d'autres. Prenons Mario Lirette, on a misé sur lui et il est numéro 1 dans son créneau. À la radio, si tu veux être bon, tu dois te remettre en question à la fin de chacune de tes émissions. C'est comme ça que ça marche», poursuit le président de Cogeco Média.

Les défis de la radio

La radio a de nombreux défis devant elle. Son horizon est fait de nouveaux médias, de plateformes et de moyens divers pour l'écouter. Comment Richard Lachance entrevoit-il l'avenir de ce média de proximité? 

«D'abord, il y a ce qu'on appelle la talk radio, explique-t-il. Celle-là est moins menacée, à mon avis. Elle a un bel avenir. Le défi de la radio musicale est différent. Selon moi, il faut travailler très fort à amalgamer une forme de contenu à la programmation musicale. Les gens sont confrontés à une offre musicale numérique très forte. Mais je crois que si tu t'arrimes à des plateformes qui te permettent de rejoindre les gens dans leur univers, c'est une carte en ta faveur.»

L'approche que décrit Richard Lachance se voit parfaitement bien lorsqu'on visite les studios de CKOI. Tout y est conçu de manière à ce que les équipes puissent communiquer avec leurs auditeurs de diverses façons.

«Les radios doivent demeurer un moyen de rejoindre l'auditeur dans sa communauté. Je pense aussi que les radios musicales doivent ajouter un peu plus de contenu parlé. Il ne faut pas oublier que nous sommes des fabricants de contenu de divertissement. C'est ça qu'on offre. Ce divertissement, il faut qu'il puisse s'éclater et il faut qu'on puisse l'offrir partout.»

Photo fournie par Cogeco Média

Richard Lachance, président de Cogeco Média