L'avocate de l'ex-animateur vedette de CBC Jian Ghomeshi a indiqué, mercredi, que son client plaiderait non coupable aux accusations d'agression sexuelle qui pèsent contre lui.

Marie Henein a prévenu que Ghomeshi, qui était à côté d'elle à leur sortie du palais de justice de Toronto, allait répondre directement à ces accusations devant le tribunal, pas ailleurs.

Ghomeshi, qui s'était livré à la police mercredi matin, a été libéré plus tard par le tribunal, moyennant une caution de 100 000 $. Il devra aussi respecter certaines conditions, notamment celles de vivre chez sa mère, qui s'est portée garante de sa caution au tribunal, de n'avoir aucun contact avec les présumées victimes, et de ne pas quitter l'Ontario - il a d'ailleurs accepté de déposer son passeport.

Un mois exactement après son congédiement par la société d'État en lien avec des allégations de violence, Ghomeshi, âgé de 47 ans, fait face à quatre chefs d'agression sexuelle. On lui reproche aussi d'avoir «maîtrisé la résistance» d'une présumée victime en l'étouffant.

L'accusé avait les traits tirés et le regard triste lors de sa comparution dans une salle d'audience bondée du palais de justice de Toronto. Son avocate a obtenu du tribunal une ordonnance de non-publication pour l'enquête préliminaire qui suivra. Ghomeshi reviendra en cour le 8 janvier.

L'ancien animateur de l'émission phare Q avait été congédié par la CBC le 26 octobre. Le diffuseur public a alors plaidé qu'il avait pu voir des «preuves explicites» de blessures physiques infligées à une femme. Dans un long message publié sur sa page Facebook le jour même, Ghomeshi admettait qu'il aime le «sexe brutal», mais que ces relations sadomasochistes ont toujours été consensuelles.

Depuis, neuf femmes ont affirmé avoir été agressées sexuellement ou physiquement par l'ex-animateur, et trois d'entre elles ont formellement porté plainte à la police de Toronto, qui a ouvert une enquête le 31 octobre. Aucune allégation n'a été prouvée au tribunal.

Une des plaignantes, Lucy DeCoutere, actrice qui a joué notamment dans l'émission Trailer Park Boys, avait été la première à dénoncer publiquement des gestes de Ghomeshi. Elle a alors soutenu qu'il l'avait étouffée «au point où elle ne pouvait plus respirer», et qu'il l'avait frappée «avec force trois fois sur le côté de la tête».

Dans un communiqué publié mercredi, Mme DeCoutere soutient que le scandale Ghomeshi a «profondément changé» la façon dont on aborde maintenant la violence faite aux femmes au Canada. «Cela aura été un épisode douloureux et accablant pour plusieurs personnes, dont moi-même, mais aussi un épisode très inspirant. J'espère que la voix des victimes continuera d'être entendue, et que c'est l'amorce d'un changement dont nous avons désespérément besoin.»

La CBC a refusé de commenter le dépôt d'accusations contre son ancien animateur, mercredi. La veille, le diffuseur public annonçait que la poursuite de 55 millions $ intentée par Ghomeshi contre son ancien employeur, notamment pour congédiement abusif, était retirée. En vertu d'une entente à l'amiable, Ghomeshi devra rembourser 18 000 $ en frais juridiques à la CBC, selon le diffuseur.

Les allégations dans l'affaire Ghomeshi ont depuis poussé la CBC à commander une enquête indépendante sur sa gestion du scandale, menée par une avocate torontoise spécialisée dans les questions de harcèlement au travail. Le diffuseur a également commencé à chercher un remplaçant permanent à Ghomeshi au micro de Q, et songe à modifier le nom de l'émission.