Un roman doux, tout doux. Une petite rue oubliée qui se nomma Traversière, puis rue Grise. Peuplée (on dirait presque meublée) de petites gens faites pour être aimées d'un poète qui se nomme Sabatier - l'homme qui écrivit une Histoire de la poésie française en 9 volumes, que ses romans ont occultée.
Parmi ces immenses personnages, le plus attachant est Marc, fils de cordonnier, qui étudie tant qu'il peut, qui fait aussi de la course à pied et parfois de la résistance. Un accident, voilà Marc dans le coma.
Surgit Évangéline, soeur de son état, qui le veille et le sauve. Et surgit Paulo, bricoleur de génie qui lui fabrique, avec un vieux fauteuil en osier, une sorte de voiture-fauteuil roulant. Et surgit la petite Myriam qui porte une étoile jaune, on va essayer de la sauver d'une rafle. Et surgissent Rosa, prostituée à grands sentiments; Lucien le résistant; Madame Gustave la femme qui tient le bistro...
C'est le regard de Sabatier sur un monde disparu depuis 1942, quand les hommes vivaient d'amour - et de misère - où l'émotion du poète se fait populaire, pudique, et ne cesse de nous ravir.
C'est un roman miraculeux où les sentiments et la tendresse se donnent la permission de nous plaire, à nous qui sommes devenus à force de cynisme, en 2009, sérieux et froids comme des concombres.
Un roman au bout duquel le miracle va peut-être se produire pour délivrer Marc? Allez savoir quel miracle.
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LE CODONNIER DE LA RUE TRISTE. ROBERT SABATIER. ALBIN MICHEL, 229 PAGES. 27,95 $