«J'ai prévu d'avoir en tête, à ce moment-là, Le voyage d'hiver de Schubert, parce qu'il n'y a aucun rapport entre cet acte et cette musique.»

C'est Amélie Nothomb qui fait dire cela à son nouveau personnage de roman, un hurluberlu comme elle, nommé Zoïle parce que ses parents voulaient une fille qu'ils auraient appelée Zoé...

L'acte dont parle ce Zoïle est un attentat contre un avion qu'il va précipiter ensuite sur Paris. Afin de nous expliquer pourquoi, Nothomb va nous raconter la vie de ce comique, une sorte de Pierrot lunaire, d'Arlequin, naïf et tendre et brutal comme souvent le sont ses personnages. Et toujours dans cette langue péremptoire où s'accumulent les à-peu-près et les opinions farfelues qui éclatent comme des fleurs vénéneuses.

Cette fois-ci, nous allons aimer, comme Zoïle, une fille très belle qui se nomme Astrolabe (!) qui vit avec une romancière célèbre, Aliénor Malèze (appelée neu-neu par Zoïle, parce qu'elle est autiste)... Astrolabe est son infirmière, cuisinière et dame de compagnie. Les deux femmes vivent dans un taudis frigorifié et se nourrissent de n'importe quoi. Zoïle va essayer de les aider à vivre - ce dont elles se fichent absolument, tout cela pour essayer de copuler avec son Astrolabe chérie (si possible sans la présence d'Aliénor, mais ça... pas facile).

L'échec amoureux, d'après Nothomb, mène au terrorisme. C'est bien possible. Quant à nous, nous avons le droit de lire en souriant parfois, des sottises... Non? Si.

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LE VOYAGE D'HIVER. AMÉLIE NOTHOMB. ALBIN MICHEL, 133 PAGES, 24,95 $