On n'en attendait pas tant de ce premier roman de Chris Killen, jeune auteur (né en 1981) reconnu pour ses actions dans la blogosphère. Et pourtant, La chambre aux oiseaux a plusieurs aspects fort intéressants. On y fait la connaissance d'un quatuor improbable dont les liens, longtemps inextricables, s'entremêlent habilement au fil des pages. Au centre de ce groupuscule en observation, Will, jeune homme rongé par la jalousie, voit sa nouvelle conquête s'amouracher de son meilleur ami (un autre Will).

Regardés sous la loupe, les personnages de Killen sont criants de vérité, l'auteur accordant une très grande importance aux détails et aux petits gestes. Ceux-ci abondent - presque à la façon de curieuses didascalies - et teintent le déroulement de l'intrigue, donnant à l'entreprise un air cinématographique.

On pense certes à Charlie Kaufman devant la fragmentation volontaire de la trame narrative, qui transforme le récit en une série de scènes explicites dont le déroulement général nous échappe. Les inversions, les ellipses (en sont-elles réellement?) contribuent à créer un véritable casse-tête où les identités se confondent. L'ouverture très réussie sur le triangle amoureux provoque d'ailleurs rapidement une myriade de reflets.

 

La voix de Killen demeure aussi intéressante par ses emprunts aux technologies modernes, transformant en mots-valises des expressions liées au monde cybernétique, donnant à l'ensemble un souffle résolument contemporain. Bref, on attend la suite.

La chambre aux oiseaux

Chris Killen

Hurtubise HMH 208 pages, 22,95$

***1/2