Présenté en primeur au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le week-end dernier, l'album hommage au journal satirique Charlie Hebdo, dont la rédaction a été décimée par l'attentat du 7 janvier à Paris, est sorti en librairie hier en France.

La BD est Charlie est un recueil de dessins uniques d'illustrateurs et de dessinateurs de partout dans le monde, dont la totalité des profits sera versée aux familles des 17 victimes des attentats du 7, du 8 et du 9 janvier, au Charlie Hebdo, à Montrouge et dans l'épicerie cachère de la porte de Vincennes, à Paris.

Du Belge Philippe Geluck (créateur du Chat) à l'Argentin Guillermo Mordillo, en passant par le Suisse Zep (père de Titeuf) et même le Québécois Guy Delisle, 173 dessinateurs et illustrateurs figurent dans l'album. Les dessins sont tantôt drôles, tantôt sérieux, prenant parfois la forme d'hommages ou de clins d'oeil à l'une ou l'autre des victimes.

On se moque notamment de la coupe de cheveux de Cabu ou encore de l'amour des femmes de Wolinski, tous deux tués dans les bureaux du journal satirique. On prédit que les pouponnières seront bientôt remplies de bébés Charlie, ainsi que les classes de 2025. On se moque des frères Kouachi, assaillants du Charlie Hebdo, qui ont perdu, dans leur fuite, une carte d'identité et une chaussure, permettant ainsi aux forces de l'ordre de les identifier. On prévient les enfants du danger de la profession de dessinateur de presse. Et on dessine, encore, des tonnes de crayons.

En guise d'introduction, un mot écrit en 2012 par François Cavanna, cofondateur de Charlie Hebdo, sur la création, justement, de l'hebdomadaire satirique: «Rien n'est sacré. Pas même le bon goût. Pas même le militant. Surtout pas le croyant. Ne croyant à rien de transcendant, nous n'avions rien à respecter. L'humour est un coup de poing dans la gueule. [...] Ne croyant à rien, n'adhérant à rien, nous riions de tout et de tous. Le rire est brutal, provocateur, imprévisible, injuste, sans pitié. Il ne venge, ne punit ni ne juge. Il s'en fout.»

Au Festival de la bande dessinée d'Angoulême, tenu le week-end dernier, où plusieurs hommages ont été rendus aux victimes des attentats de janvier, l'album a suscité un véritable engouement: les 5000 exemplaires sur place se sont envolés en quelques heures. Les éditeurs en ont donc tiré 100 000, en vente au coût de 10 euros (14,23 $). La date de sortie au Québec n'a pas encore été annoncée.