Auteur de plusieurs romans à saveur humoristique, Gilles Legardinier s'est taillé depuis quelques années une place parmi ceux qui vendent le plus de livres en France, tout près de Guillaume Musso et de Marc Lévy.

«Je suis le moins connu des auteurs connus», dit en rigolant l'auteur de 51 ans, qui était de passage à Montréal récemment pour défendre son plus récent roman, Le premier miracle, thriller scientifico-historique plutôt bien ficelé, mais où l'humour reste très présent.

Entretien avec un auteur pour qui la littérature se doit de rendre les gens heureux.

Il y a beaucoup d'humour dans vos livres, même dans votre plus récent, Le premier miracle, qui est tout de même un thriller. C'est un choix?

Non. Je raconte les histoires que j'aurais envie de raconter à des gens que j'aime, comme on raconte des histoires à nos enfants. Ce sont toujours des affaires de sentiments, et ma nature fait que je suis affectueux et que j'aime rigoler. Mais il n'y a pas de calcul: on ne peut pas devenir drôle. Soit on l'est, soit on ne l'est pas.

C'est naturel pour vous...

Faire l'andouille, c'est mon meilleur métier. J'ai une très longue formation!

Vous avez pratiqué d'autres métiers avant?

Oui. J'ai eu la passion du cinéma, parce que ce sont des émotions qui se partagent. J'ai travaillé dans l'ombre, les effets spéciaux, la pyrotechnie. Mais en étant sur les plateaux, je me suis rendu compte que l'endroit où naît l'émotion, c'est toujours l'écriture. Je me suis orienté vers ça, et je suis tombé dans l'écriture comme on tombe amoureux.

Il y a un chapitre à la fin du livre dans lequel vous vous adressez directement aux lecteurs. Pourquoi?

Parce que c'est dans ma nature, je fais toujours ça. C'est un peu comme venir saluer les gens au théâtre et faire tomber le masque. Dans le livre, on doit oublier que c'est moi qui écris, mais je tiens à ce chapitre, car c'est le moment où je parle vraiment avec les gens. Et puis, ils me répondent, ils viennent me voir, ils me disent des choses. C'est touchant d'entrer dans leur vie par la partie la plus sincère.

Le premier miracle est un thriller, avec de gros punchs qu'on ne peut pas dévoiler ici, et beaucoup de recherche. Vous aviez envie d'aller ailleurs avec ce livre?

Oui. Et je demande à mes lecteurs la possibilité d'avoir cette liberté. Mais la base pour moi, c'est que l'action est intéressante quand elle est vécue par des gens. L'idée était de prendre deux personnages qui pourraient être les personnages d'une comédie [dans Le premier miracle, un historien et une agente secrète] et de les placer face à quelque chose qui les dépasse et qui nous dépasse.

Après un livre comme celui-là, on fait quoi?

Un autre livre! Je repars sur ce qu'on va appeler de façon réductrice une «comédie», mais ce n'est pas une comédie pour moi. Les précédents ont été catalogués en comédie parce qu'il y avait de l'humour, mais le succès n'est pas venu à ces livres parce qu'il y avait de l'humour. Mais ce ne sont pas des gens morts de rire qui sont venus me voir, ce sont des gens émus.

Qu'est-ce qui vous fait rire?

La vie. Les ruptures. Les choses qui arrivent quand on ne s'y attend pas. Les prétentieux qui se loupent. Les dièses dans la vie, ce qui ne devrait pas réussir et qui marche, mais de façon inattendue, notre ridicule... La personne dont je me moque le plus, c'est moi. On me raconte beaucoup d'anecdotes et je ne les mets jamais dans mes livres, car tout le monde dirait que c'est impossible!

Il y a un courant en France de feel-good books qui est très populaire... Vous sentez que vous en faites partie?

Ce sont les journalistes qui ont trouvé cette appellation. Tout le monde a expliqué pourquoi mes livres ont une bonne recette. Si c'est si facile, faites-en aussi! Mon premier livre, Demain j'arrête, avait d'abord été tiré à 4000 exemplaires en France, mais on en a vendu plus de 1,2 million! Je suis un enfant du bouche-à-oreille. C'est une maman qui l'a passé à sa fille, qui l'a passé à sa collègue. Et les maris qui en ont eu assez de voir leur femme rire sans savoir pourquoi, et qui ont décidé de mettre le nez dedans. Un lecteur a besoin de lire autre chose qu'un auteur qui fait juste son travail. Il y a des tas de romans bien fabriqués... mais les gens ont besoin d'un supplément d'âme. Que le boucher, il aime vraiment sa viande. Que l'infirmière prenne vraiment soin de ses patients. Vous voyez? J'appartiens à l'espèce des gens qui s'occupent de ceux qui les entourent. Et c'est pour eux que j'écris.

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Le premier miracle. Gilles Legardinier. Flammarion. 528 pages.

Image fournie par Flammarion

Le premier miracle de Gilles Legardinier