Une mère berce son enfant fiévreux en lui racontant l'histoire de Tod, garçon abandonné qui vivra mille et une mésaventures sur mer et sur terre.

Dans son premier roman, Cruelle berceuse - En dix-neuf chants, Isabelle Jubinville a créé un univers impitoyable dominé par des femmes, pirates, vengeresses, exploiteuses, violentes et sans pitié pour la part mâle de l'humanité.

Nous n'avons que peu de repères, comme des marins dans la tempête, mais nous comprenons que l'histoire se déroule après la Seconde Guerre mondiale, qu'une communauté de femmes s'est révoltée, a pris en main son destin et séparé les sexes comme Moïse a séparé les eaux, tandis que Tod erre sur divers navires, en quête de l'amour maternel originel.

Jubinville cite en exergue Lucrèce, et il est vrai que ses chants ont un air antique, dans un appel du large qui engloutit les hommes, tous orphelins.

L'auteure propose ici une langue raffinée, des images très fortes par moments, mais le résultat est un peu hermétique, comme une fable ancienne dont on ne détient pas toutes les clés. Il ne reste qu'à se laisser porter par une sorte de beauté du mal, puisque « la méchanceté et la laideur ont aussi des droits sur les coeurs humains ».

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Cruelle berceuse - En dix-neuf chants

Isabelle Jubinville

Leméac

119 pages