Poétique et imagé, By the rivers of Babylon transporte le lecteur au coeur d'une Jamaïque tiraillée par ses luttes de pouvoir.

La vieille Ma Taffy est à l'affût. Même si elle a perdu la vue, elle sent qu'une catastrophe va se produire - une «autoclapse». Elle vit dans un quartier défavorisé de Kingston avec sa nièce, Gina, et le fils de cette dernière, Kaia. On est au début des années 80.

La vieille femme raconte au petit des histoires de leur communauté, notamment celle du véritable prêcheur Alexander Bedward. Mais ses récits ne peuvent empêcher la catastrophe: Kaia s'est déjà fait couper ses dreadlocks par son enseignant, une offense grave pour un rastafari.

Les gens du quartier se soulèvent, mais savent bien que les Babylones, comme on appelle les gens au pouvoir, les surveillent.

La traduction très réussie de Nathalie Carré rend bien l'essence du langage coloré des personnages antillais, avec des expressions comme «ti-moun», «tifi», «ti-gars», «femme-grand-quelqu'un».

Le poète et essayiste Kei Miller signe un roman réussi sur les classes sociales, le racisme et les croyances populaires.

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By the rivers of Babylon. Kei Miller. Zulma. 292 pages.