La mort enveloppe la narratrice de ce magnifique petit livre. Les suicides et les décès tragiques parcourent sa vie. Pis, la jeune femme semble s'en nourrir en mangeant trop, notamment, alors que sa seule amie, Maude, meurt d'anorexie.

La narratrice a une mère, pardon, «la» mère, qui la tue de son désamour, alors qu'elle s'attache à un vieux voisin agriculteur, simple et bourru, qui mourra lui aussi.

En filigrane de son existence peu ordinaire, elle raconte sa visite de Kutná Hora, non loin de Prague, connu pour son ossuaire.

Elle y côtoie la mort d'encore plus près. Des milliers, voire des millions d'os qui ont tous eu une histoire, des amours, une vie. Parce que c'est de ça qu'il s'agit finalement.

De la vie où l'on est censé apprendre à mourir. De la vie qui grouille de boue, de sang, de pensées, de désirs et de dégoût quand on regarde la mort en face. Pas en mirant l'au-delà, mais l'au-dedans. Il n'y a pas un mot de trop ou qui manque chez Audrey Lemieux.

Son roman est empreint de justesse psychologique et de profondeur philosophique. C'est fort et incontournable comme la mort, interdit et inouï comme la vie. 

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L'ossuaire. Audrey Lemieux. Leméac. 118 pages.