La jeune auteure Kaouther Adimi a écumé les fonds d'archives pour écrire ce troisième roman en lice pour les prestigieux prix Goncourt, Renaudot et Médicis.

Elle raconte avoir dévoré «bouquins, interviews et documentaires» pour plonger dans les souvenirs de l'éditeur et libraire Edmond Charlot, aujourd'hui mort, et ensuite imaginer ce qu'ont été les années entourant l'ouverture de la librairie de prêt Les Vraies Richesses, inaugurée à Alger en 1936 et autrefois fréquentée par d'illustres écrivains comme Albert Camus.

D'une plume fine et vive, elle joue avec les époques, alternant entre passé et présent. Tantôt nous faisant parcourir les carnets de ce passionné de livres qui se lance gauchement dans l'édition, publiant les premières oeuvres d'un jeune Camus et partageant quelque conversation avec Gide ou Saint-Exupéry. Tantôt en naviguant avec aisance dans un Alger qui porte encore les cicatrices de la colonisation, où le jeune Ryad arrive de Paris pour vider la librairie désormais désertée et tout jeter - même les livres - en vue de l'ouverture d'une boutique de beignets.

Adimi dépeint sobrement, mais avec force et maîtrise, un pan de l'histoire de l'Algérie, depuis les premières heures de l'insurrection aux contrecoups de l'Histoire en marche à travers la vie de cette attachante librairie.

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Nos richesses. Kaouther Adimi. Seuil. 224 pages.