C'est l'histoire de cinq amis qui se sont établis à New York pour y faire leur vie. Ils sont jeunes, ils sont branchés ‒ des millenials bien ancrés dans leur époque qui aiment New York, l'art, la littérature... mais ils sont à des années-lumière de s'attendre au drame qui couve.

Nul besoin de cacher ici ce qu'on apprend assez tôt dans le bouquin : l'un des personnages, Irene, découvre qu'elle est atteinte d'un cancer. C'est ce qui va occuper l'essence de la trame pendant une grande partie du roman.

L'auteur, dont c'est le deuxième titre, signe une oeuvre débordante de maturité pour son jeune âge ‒ le genre de sagesse que l'on peut difficilement acquérir sans avoir vécu de drame semblable.

L'expérience new-yorkaise des cinq camarades se mue sournoisement en un cauchemar qui va irrémédiablement transformer leur vie. Il va sans dire qu'une grande tristesse émane de ce récit.

Le seul reproche que l'on pourrait y faire, c'est de céder à une surabondance de détails qui rend le texte quelquefois plus lourd que nécessaire, alors qu'il se veut, par-dessus tout, un hymne à l'amitié et à la solidarité, et une ode à la ville de tous les possibles.

*** 1/2

New York Odyssée

Kristopher Jansma

Rue Fromentin

456 pages

Extrait

«Irene regarda William s'en aller, puis pendant de longues minutes, elle contempla les trains partir, les uns après les autres. Il y en avait un pour San Francisco, mais elle ne voulait pas aller là-bas, pas vraiment. Elle ne voulait pas non plus aller à Boston, Saint-Louis, Raleigh ou Chicago. Elle s'était déjà rendue dans ces villes auparavant, et il y avait d'autres William dans chacune d'elles. Irene continua de lire les histoires d'Ajax, Hector et Priam. Des guerriers laçant leur armure pour la bataille le temps d'un refrain, simplement pour périr avant de tomber dans l'oubli. Tous pour une "belle" femme dont aucun d'eux ne se souciait réellement. Irene se tournait et se retournait. Les hommes mouraient tous, encore et encore. Des trains arrivaient, des trains partaient.»