Dans les années 1860, Dumas s'embarque sur une goélette qu'il a bourrée d'armes pour aider Garibaldi à libérer l'Italie des Bourbons de Naples et des griffes pontificales. Il y trouvera matière à plusieurs ouvrages et à une haine accrue pour le courant politique réactionnaire ultramontain.

Ce court roman avait paru une première fois en feuilleton, édulcoré de toute référence anticléricale. Claude Schopp fait paraître une première fois en volume l'histoire d'un chien d'un vicomte anglais venu prêter main-forte aux Chemises rouges. Il se battra férocement et sera blessé.

Dumas retrouvera sa trace à Paris grâce à la narration que lui fait un prêtre libéral de la confession d'une marquise dévote ulcérée qu'une huguenote lui refuse son aumône pour les oeuvres du Saint-Père, ce qui l'oblige à piger dans sa propre cassette. Elle se vengera sur son chien, sans connaître ni le passé de Mustang ni ce qui lie la bête à l'hérétique anglaise.

Règlement de comptes

Dumas a toujours eu maille à partir avec les États pontificaux dont il avait été expulsé dans les années 1840. Dans ce court roman, il poursuit son règlement de comptes amorcé dans son pamphlet Le pape devant les Évangiles. Dans la parution d'Un cas de conscience en feuilleton dans Le Soleil, toute allusion désobligeante à l'Église a été censurée.

En ayant accès au manuscrit vendu aux enchères dernièrement, Claude Schopp restitue l'intégralité de ce court récit qui retrouve tout son mordant.

Extrait censuré de l'édition en feuilleton

«J'aillais enfin sortir de cette malencontreuse église lorsque, sous le portique, je rencontrai un certain M. Amédée de Tressan qui m'obligea de souscrire pour deux actions à un nouveau journal religieux et légitimiste. Il avait avec lui un prince de Santa Sesta qui me demanda un louis pour donner une épée au roi François II et une couronne de lauriers d'or à sa femme la reine Sophie. Il n'y a pas de milieu dans notre métier de dames patronnesses et de quêteuses pour les pauvres: quand il n'enrichit pas, il assassine.»

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Un cas de conscience. Alexandre Dumas. Phébus, 107 pages.