Pour fuir une situation obscure, Lili, jeune Française un peu paumée, se réfugie au bout du monde, en Alaska, avec une idée en tête: devenir pêcheuse en haute mer. Malgré son manque total d'expérience, elle se fait embaucher et embarque sur le Rebel avec des personnages hauts en couleur pour une périlleuse pêche à la morue.

L'auteure, la Française Catherine Poulain, excelle dans la description de cet univers. On sent l'air marin et les calmars en voie de décomposition utilisés en guise d'appâts, on ressent le tangage et le roulis, on entend les cris du capitaine, on voit les mains amochées des pêcheurs, on entend la musique country des bars miteux de la petite ville portuaire de Kodiak. 

Le portrait des personnages est juste et sans pitié, depuis la «vieille Indienne impassible derrière son petit verre de schnaps» jusqu'au pêcheur expérimenté qui «cache son visage dans une crinière sale». 

Par contre, le style d'écriture est parfois inégal, alternant entre le réalisme cru et les envolées lyriques. L'intrigue est mince. Pas de grandes révélations, pas de drames, pas de dénouements. Ce qu'on trouve dans Le grand marin, c'est le portrait d'une nature impitoyable, d'un métier difficile et de personnages tourmentés.

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Le grand marin. Catherine Poulain. Éditions de l'Olivier, 384 pages.