En s'aventurant au gré du premier roman de Juan Gabriel Vásquez, réédité chez Seuil, le lecteur sera exposé aux thèmes chers à l'auteur. Avec notamment dans le collimateur, certains pans de l'histoire colombienne que d'aucuns souhaiteraient plutôt balayer sous le tapis.

Au rang de ceux-ci, l'universitaire et expert en rhétorique Gabriel Santoro, qui verra d'un mauvais oeil la parution d'un ouvrage signé par son journaliste de fils.

Portrait d'une vieille amie juive de la famille, ce livre rouvrira accidentellement une brèche du passé d'où émaneront des relents nauséabonds de la Seconde Guerre mondiale - époque où les autorités colombiennes dressèrent un système de listes et de délation, dans le cadre d'une chasse aux réfugiés nazis qui ratissa de façon outrageusement large.

Au fil des écrits du fils de Santoro, le voile se lève peu à peu sur cette période sombre, et certains mystères, comme les doigts mutilés de son père, prennent subitement un tout autre sens.

Réflexion sur le pouvoir de la littérature, sur les rouages administratifs et politiques d'une Colombie trébuchante, sur les vengeances et trahisons transmises en guise d'héritage familial, Les dénonciateurs aborde habilement un volet méconnu du conflit mondial.

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Les dénonciateurs. Juan Gabriel Vásquez. Seuil, 350 pages.