Un court roman, minuscule, une novella d'à peine 89 pages. Un décor hanté par le récit d'une femme âgée, à l'aube de la mort, durant les funérailles de son frère. Elle se souvient, en 1930, près d'une crique dans un coin reculé d'Islande, sa famille qui s'accroche au moindre poisson, au moindre verre de lait pour survivre.

La mort se retrouve dans chacune de ces pages, racontée à travers les souvenirs d'une année terrible.

Les mots de Jón Atli Jonassón, ramassés en phrases épurées de superlatifs, s'élèvent dans la brume, malgré la dureté et l'emprise des éléments dont ils sont issus. Il y a la mer, la neige, le champ de lave, la crique, la terre retournée sans cesse.

Le père, stoïque devant les épreuves, croyant; la mère éplorée, catatonique après la mort d'un nouveau-né. La résilience de la dame âgée qui, dans sa jeunesse, affronte jour après jour la faim et le morcellement de son univers.

Malgré les drames, ce récit se développe tout en beauté, comme une fragile pousse qui fléchit dans la tempête. L'économie des mots se traduit par des images saisissantes qui persistent, même une fois le livre refermé.

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Les enfants de Dimmuvík. Jón Atli Jonassón. Traduction de l'islandais par Catherine Eyjolfssón. Notabilia, 89 pages.