Il faut un réel talent d'équilibriste pour intégrer harmonieusement matière autobiographique, actualité et littérature. La clarinette est un touchant roman-vérité dans lequel l'écrivain franco-grec prend le rôle du narrateur.

Alexakis s'apprêtait à écrire un livre sur la mémoire quand son ami et éditeur depuis 40 ans, Jean-Marc Roberts, éditeur de Stock, fut diagnostiqué d'un cancer. Il l'accompagne jusqu'à sa mort en 2013; et la maladie devient un écho à la crise qui sévit en Grèce, son pays natal.

Entre-temps, l'écrivain vaque à ses occupations quotidiennes à Paris, va fêter son anniversaire à Athènes, fait des rencontres. Il partage ses souvenirs familiaux, amicaux et littéraires.

Sous forme de conversation avec le malade, Alexakis raconte aussi l'écriture du roman et l'anecdote (il avait oublié le mot clarinette) qui l'a inspiré. De retour en Grèce, l'ancien journaliste mène une véritable enquête pour expliquer la descente aux enfers de ses compatriotes.

Il rappelle le passé pour mieux cerner le présent, s'intéresse à l'économie, aux riches armateurs et à l'intouchable Église orthodoxe. L'écriture est vivante et le roman donne un portrait inédit de la Grèce actuelle.

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La clarinette. Vassilis Alexakis. Seuil. 352 pages.