Voilà 20 courts récits que l'on lit en se laissant bercer par la houle, sur ce nord du pays dit «Gespeg». Des fragments de vies gaspésiennes qui ressemblent aux histoires du village racontées par les anciens à leurs petits-enfants - peu importe qu'elles soient vraies ou quelque peu exagérées.

On y découvre les anecdotes qui se cachent derrière l'histoire du moulin du Grand Sault, de la croix du Do, de la pointe du Wrack.

Il y a Anthime dont l'image n'existe que dans le bouche-à-oreille, parce qu'il est mort «avant que les Kodak se répandent».

Un politicien qui échoue dans son projet de construire une nouvelle ligne de chemin de fer, alors que «le Gaspésien, réputé individualiste, peu solidaire de nature», se sent ridicule d'avoir cru à une promesse de plus.

Et les «boudlégueurs» qui, malgré les prêches contre la boisson en cette époque où les curés dominent encore, ne détonnent pas «dans la moralité publique».

Tous partagent le même amour du pays, prêts à partir sur le pouce de Montréal pour retrouver leur Gaspésie. Et c'est justement ce que ces nouvelles parviennent à nous transmettre: une part de la fierté qu'ils ressentent quant à leurs origines et leurs traditions.

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Anthime et autres récits. Bernard Boucher. L'instant même. 160 pages.