Patrick Deville confirme plus que jamais son statut d'écrivain voyageur avec Viva, folle courtepointe de destins enchevêtrés dans le Mexique des années 30, «pays d'émigrants et de déracinés, le pays de la solitude aussi».

Au coeur de ce bouillonnement mexicain, où l'on croise les figures de Frida Kahlo, Diego Rivera, Antonin Artaud, André Breton, B. Traven, Graham Green ou Arthur Cravan, Deville oppose Trotsky et Lowry, «celui qui agit dans l'Histoire et celui qui n'agit pas».

Le premier, déchu, est en exil; le second, éméché, entame la descente aux enfers d'Au-dessous du volcan, monument de la littérature du XXe siècle. Ils ne se croiseront jamais, sauf dans ce roman où l'on sent le parti pris de Deville pour son confrère écrivain dans ces «éternels combats perdus d'avance, l'absolu de la Révolution ou l'absolu de la Littérature». Car «à l'impossible, chacun de nous est tenu»...

Le roman pèche parfois par abus d'informations et d'anecdotes, au détriment du récit - Deville avait mieux réussi à dépeindre une époque dans Peste & Choléra, par le personnage du découvreur du bacille de la peste, Yersin.

Viva n'en demeure pas moins un incontournable de la rentrée littéraire française, plus particulièrement pour les initiés de l'étrange confrérie des lecteurs de Lowry. Et de Deville, bien sûr.

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Viva. Patrick Deville. Seuil. 211 pages.