C'est sans doute le sujet de son roman - l'abandon prétendu par Sigmund Freud de ses soeurs, en pleine menace nazie - qui a valu à l'écrivain macédonien Goce Smilevski de voir son roman traduit en plusieurs langues.

Smilevski ouvre son récit sur une condamnation sans appel de l'inventeur de la psychanalyse: Sigmund nettoyant ses statuettes antiques, indifférent aux demandes de ses soeurs qui voudraient obtenir des visas pour fuir le pays. Elles seront déportées et mourront.

Mégalomaniaque, condescendant, Freud est dépeint dans des scènes qui le ridiculisent, la plus ahurissante étant celle où, après avoir trop bu et vomi, il doit défendre sa théorie de l'inconscient devant un médecin lui martelant que l'invention de la chasse d'eau a davantage fait avancer l'humanité!

Trop occupée à discourir sur l'époque, le féminisme ou la «folie», la narration au présent, faisant entendre la voix d'Adolphine, la soeur de Sigmund, s'enfonce dans un sentimentalisme niais.

Geignard, larmoyant, ce récit d'une vie ratée voulait rendre hommage aux femmes qui ont vécu dans l'ombre des grands hommes, tout en démythifiant ces derniers. C'est plutôt son auteur qui y perd tout crédit.

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La liste de Freud, Goce Smilevski, Belfond, 273 pages.