Ce roman ramène Solange, l'héroïne de Clèves qu'on avait connue adolescente. La jeune fille s'est transformée en actrice, fait carrière à Hollywood et fréquente les George Clooney de ce monde.

Un soir, Solange rencontre Kouhouesso, acteur magnifique, réalisateur mégalo en devenir, et noir. Une couleur qui n'est pas accessoire et qui devient pour elle l'enjeu principal de leur relation. Mais au-delà de la question raciale, c'est sa passion pour cet homme insaisissable qui est le noeud de ce roman porté par l'écriture subtile de Darrieussecq.

Solange attend les textos, la présence. Elle attend maladivement, comme l'héroïne de Passion simple d'Annie Ernaux, et reçoit peu. Cette fièvre, Darrieussecq nous la fait vivre, exaspérante, disproportionnée et fascinante.

Si le livre se passe à Hollywood et ressemble à une fable, ce sont les scènes épiques de tournage en Afrique qui sont les plus prenantes. Là où les mondes s'affrontent, mais aussi où Solange refuse de voir que le fruit de sa passion lui échappe.

Et le titre, une citation de Duras - «Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n'est pas possible, on ne peut pas les supporter» - prend tout son sens.

* * * 1/2

Il faut beaucoup aimer les hommes, Marie Darrieussecq, P.O.L., 320 pages.