«Maria Cristina Väätonen, la vilaine soeur, adorait habiter à Santa Monica»: c'est à la fois comme une fable et comme une «vraie» histoire que débute le huitième roman de la Française Véronique Ovaldé.

Écrit essentiellement au présent, à la troisième mais aussi à la première personne du singulier, il relate avec énergie, souffle lyrique et fluidité la vie de Maria Cristina, des années 60 à 90: enfance dans une famille asphyxiante du Grand Nord canadien, réussite comme écrivain prodige en Californie, épreuves, peurs...

C'est bel et bien une histoire de princesse contemporaine, sans beaucoup d'enfants ni beaucoup de bonheur, Peau d'âne du XXe siècle où les princes troquent leur monture pour un taxi et où les bonnes fées aiment boire solide, conte doublé d'une série d'observations sur ce qu'il peut en coûter d'être femme et d'une réflexion sur l'exil comme échappatoire vitale.

Bref, un roman surprenant et prenant, à l'atmosphère vaguement menaçante et à l'écriture maîtrisée, qui marque un tournant dans ce qu'il faut bien appeler le storytelling de Véronique Ovaldé.

* * * 1/2

La grâce des brigands, Véronique Ovalda, Éditions de l'Olivier, 284 pages.