On sait combien cracher son venin (en bonne compagnie) peut être bénéfique pour le moral. Eh bien, cela peut aussi se faire par procuration.

C'est là que Claire Castillon intervient: ses écrits, en particulier ses nouvelles, ont un effet libérateur, presque cathartique, sur ceux qui les lisent. Comme si le «méchant» sortait de nous par l'intermédiaire de la plume acérée de celle qui nous a déjà soulagés (!) grâce à Insecte et On n'empêche pas un petit coeur d'aimer.

Elle remet ça avec Les couplets, sur l'air bien connu du couple auquel elle ajoute 36 strophes comme autant de courtes nouvelles d'une drôlerie mordante. Cruelle. (Im)pertinente.

À tour de rôle, l'un des partenaires du «ménage à deux» qu'elle place sous son microscope, (se) raconte. Ils sont jeunes ou l'ont été. Ils sont rarement sains d'esprit (qui l'est?) - mais leur folie n'est pas de surface, elle apparaît, sournoise, au détour d'un paragraphe. Et elle ne les quitte plus, jusqu'à la chute, en général cinglante.

On exulte. On tourne la page. Et on plonge dans une autre histoire où il/elle aspire à la normalité. La rate de façon spectaculaire. C'est la beauté des bémols très prémédités de Claire Castillon.

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Les couplets. Claire Castillon. Grasset, 202 pages.