Le premier roman d'Annie Loiselle s'ouvre sur un des plus beaux vers de Saint-Denys-Garneau: «Je ne suis pas bien du tout sur cette chaise/Et mon pire malaise est un fauteuil où l'on reste (...) Mais laissez-moi traverser le torrent sur les roches/Par bonds quitter cette chose pour celle-là/Je trouve l'équilibre impondérable entre les deux/C'est là sans appui que je me repose».

L'héroïne du roman, Éléna Cohen, a toute sa vie oscillé entre deux modes de vie, deux amours, deux hommes, deux enfants; à l'annonce de sa mort prochaine, à 42 ans, elle revient sur ses choix, s'interroge sur ce qu'elle doit dire ou taire, nier ou faire.

Le style d'Annie Loiselle est net, précis, parfois un peu scolaire et trop policé, certes, mais elle réussit à donner vie à cette Éléna.

Là où le bât blesse, c'est quand elle donne ensuite la parole à quatre autres protagonistes: la fille d'Éléna, son mari, la conjointe de son amant et sa mère.

Le problème? Tous s'expriment avec les mots, le ton d'Éléna: la jeune romancière a omis de «quitter cette chose pour celle-là», en quelque sorte. N'empêche, auteure en devenir à l'horizon.

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* * 1/2

Tout ce que j'aurais voulu te dire. Annie Loiselle. Stanké, 216 pages.