Cet excellent roman de l'Américaine Jesmyn Ward a été couronné par le National Book Award 2011. La traduction française est plutôt pénible, mais l'histoire est si captivante qu'on finit par oublier les anglicismes et les phrases boiteuses.

Le langage direct et l'écriture crue sont portés par le rythme. Et on se passionne pour cette chronique familiale dans un village du Mississipi, Bois Sauvage.

L'atmosphère dans cette Amérique noire et pauvre n'est pas sans rappeler William Faulkner. Le père vit seul avec ses quatre enfants et boit pour noyer son deuil. Sa femme est morte en donnant naissance au petit dernier.

Esch, 14 ans et enceinte, raconte la lutte de chacun pour survivre dans cet équilibre instable alors que Katrina menace un peu plus chaque jour. Randall veut décrocher une bourse pour jouer au basket, Skeet est obsédé par sa chienne pitbull tandis que Junior cherche l'attention.

C'est un monde brutal, avec des pointes de tendresse, qu'Esch essaie de comprendre en se référant à Médée, la figure de la tragédie grecque.

C'est un roman bouleversant, un cri déchirant qui continue de résonner longtemps après qu'on a refermé le livre.

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Bois sauvage. Jesmyn Ward. Traduction de Jean-Luc Piningre. Éditions Belfond, 336 pages.