De toutes les activités humaines, les courses de chevaux constituent peut-être la plus rassembleuse du point de vue social, riches et pauvres se pressant à l'hippodrome pour y nourrir «leur fantasme de fortune, leur suicidaire passion du jeu».

Sur la pelouse, le peuple gage - et perd - sa paye auprès de bookmakers peut-être de mèche avec un riche propriétaire d'écurie qui, de l'enclos VIP, étudie la croupe des pur-sang et celle des demi-mondaines qui accompagnent ses amis du Jockey Club.

Habitué des champs de courses et de ce genre littéraire où se fondent histoire et autofiction, Christophe Donner présente une spectaculaire galerie de personnages où des comtes désargentés cherchent à se colleter avec des journalistes engagés (pour le triomphe du Bien, évidemment) tandis que des entrepreneurs comme Joseph Oller se battent contre les «cent familles» pour imposer le pari mutuel, qu'adoptera finalement le reste du monde hippique.

Au milieu de cette société de magouilleurs et de jockeys peu scrupuleux, des personnages historiques émergent sous un jour nouveau. Comme le peintre Toulouse-Lautrec et son modèle-fétiche, La Goulue, la reine du Moulin-Rouge, haut-lieu du Paris oh-la-la! qu'Oller avait construit pour y accueillir les puissants... après les courses à Longchamp.

___________________________________________________________________________

* * *

À quoi jouent les hommes. Christophe Donner. Grasset.