En espagnol, on surnomme les Madrilènes gatos, les chats. Et c'est vraiment de querelles de ces félins de gouttière dont ce roman baroque traite avec brio.

Nous sommes au début du printemps 1936, à quelques mois du déclenchement de la guerre civile. Dans la capitale espagnole où agonise la deuxième république, la méfiance est grande, les factions nombreuses. C'est dans ce contexte qu'arrive un expert en peinture espagnole, Anthony Whitelands. Il est mandaté par un marchand de tableaux pour évaluer une toile appartenant à une riche famille d'aristocrates dont chacun des membres cache son secret.

Curieusement, ils sollicitent un à un ses services pour des tâches toutes plus abracadabrantes qui se révéleront pourtant liées au climat politique agité de la ville. Le pauvre Anthony ira de surprise en surprise. Elles le mèneront tantôt au bordel, tantôt à l'ambassade britannique, tantôt dans une réunion fasciste. Partout, il aura l'occasion de prendre plusieurs cuites entre quelques leçons de politique.

Sur un fond tragique, Mendoza parvient à brosser un tableau haut en couleur de ce climat délétère qui allait entraîner le pays dans la guerre civile. Le discours politique est bien présent, mais surtout habilement inséré dans ce polar historico-loufoque. En prime, Mendoza nous offre un hommage à Vélasquez, dont il décrit remarquablement le style, et qu'il compare au Titien, peintre vénitien dont une toile sert de métaphore du temps où se déroule ce roman plein de merveilleux rebondissements.

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Bataille de chats. Eduardo Mendoza. Traduit de l'espagnol par François Maspéro. Seuil, 391 pages.