Voici un roman qui a du souffle. Et un auteur qui a du rythme. Né à Rio de Janeiro en 1944, Chico Buarque est l'un des musiciens les plus populaires du Brésil et il écrit avec tout autant de fougue.

Quand je sortirai d'ici est son quatrième roman. C'est une oeuvre intense, colorée et magnifiée d'une touche de surréalisme.

Prisonnier de son lit d'hôpital et de ses fantômes familiaux, un homme centenaire se raconte à son infirmière, sa fille ou sa mère décédée. Son esprit vogue et dérive d'une époque à l'autre. Ses souvenirs se bousculent et s'entremêlent dans les strates de la mémoire. Conscient de son délire, il explique: «Si avec l'âge on a tendance à répéter des épisodes anciens, mot à mot, c'est par souci d'exactitude.»

L'écriture limpide de Buarque donne à voir et à sentir. À certains moments, on a l'impression d'être sur la plage ensoleillée de Copacabana. Et à travers les différentes générations de la dynastie familiale, c'est l'histoire du Brésil qui se révèle. De l'exploitation des esclaves noirs jusqu'à leur libération, de l'enrichissement de la bourgeoisie jusqu'à la faillite, en passant par la religion et le boom immobilier de Rio de Janeiro, le panorama historique s'étend sur deux siècles.

Un roman d'une grande humanité, un bonheur de lecture.

Gallimard, 175 pages

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